Temps difficiles pour le nouveau pouvoir

Le moment est à la morosité pour le gouvernement Alexandre/ Latortue en proie à des problèmes de toutes sortes. En plus de l’insécurité, de la cherté de la vie et de l’héritage catastrophique du régime Lavalas , la nouvelle équipe fait face à la fronde des ex-rebelles, anciens militaires. A l’origine de cette manifestation de colère, l’arrestation d’un groupe de militaires démobilisés circulant avec des armes de guerre à la capitale. Le gouvernement confisque les armes au nom de la loi tandis que les anciens rebelles soutiennent que l’armée est une institution légale . Le dossier est complexe pour l’administration Latortue qui doit gérer un ensemble de priorités. D’une part, c’est la hausse du coût de la vie, le phénomène de kidnapping en nette recrudescence, le sévère « black out » qui empêche de vaquer aux soins du ménage, l’insécurité troublante, voilà qui laisse croire que la nouvelle équipe est sur la corde raide face à une population impatiente et intolérante. D’autre part, la nouvelle épine aux pieds du gouvernement est la volonté manifeste des ex-rebelles de regagner leurs casernes à la lumière de la constitution qui ne prévoit que deux forces publiques en Haïti : la police et l’armée. Comment juguler, à la satisfaction de tous, cette crise provoquée par la volonté exprimée par des anciens militaires de forcer le pouvoir à tenir compte de leurs revendications :le paiement intégral de leurs fonds de pension et la reconstitution de l’armée ? L’inquiétude est grandissante et d’aucuns craignent le spectre du pire que l’on voit se profiler à l’horizon. La spectaculaire sortie, le 18 mai dernier, des ex-rebelles dans les rues de Port-au-Prince, pour la plupart lourdement armés, est évocatrice de la volonté réelle des militaires de ne pas baisser les armes, et leur interpellation par la force multinationale compliquent davantage la situation du gouvernement. Ces évènements ne semblent pas également faire l’affaire des militaires étrangers dont certaines franges de la société commencent déjà à exiger le départ et enfin surtout celle de la police nationale accusée d’implication dans le désarmement et l’interpellation par des éléments de la force multinationale de sept (7) militaires. Cet acte provoque le mécontentement d’autres militaires. Guy Philippe, l’ex-chef des rebelles parle lui-même d’humiliation et exalte son nationalisme notamment aux Gonaïves lors de la consécration le 28 mai dernier du Front des ex-rebelles en parti politique. Si certains observateurs sont d’avis que les rebelles intègrent la nouvelle force de police pour récompenser les rebelles pour le rôle qu’ils ont joué pour faciliter le départ du pouvoir de Jean Bertrand Aristide, d’autres pensent que la sortie en tenue de camouflage des anciens militaires pourrait favoriser le désordre compte tenu du nombre de personnes encore armées dans le pays. Autoriser sans cadre légal la sortie des militaires armés pourrait ,à la limite, constituer un mauvais précédent. Dans les faits, tout ceci n’a d’autre issue que mettre des bâtons dans les roues du gouvernement d’ailleurs en mal de démarrage quelque soixante quinze (75) jours après la chute de l’ ancien régime. Le programme d’intégration de la police annoncé par le gouvernement semble ,à date, laisser indifférents les ex-rebelles de même que les remarques de Colin Powell secrétaire d’Etat américain selon lesquelles il faudrait confier cette tâche à un gouvernement élu. Les militaires , entêtés, dopés par les acclamations de la population au lendemain du 29 février 2004 n’entendent vraissemblablement pas en démordre.

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