Invitation d’Aristide à la Jamaïque: un geste « inamical », estime Latortue

L’invitation faite à l’ex-président haïtien déchu Jean Bertrand Aristide à se rendre en Jamaïque par le Premier ministre jamaïcain « est un geste inamical de la Caricom (communauté des pays de la Caraïbe) et de M. Patterson », a déclaré vendredi le nouveau Premier ministre haïtien Gérard Latortue. « J’ai fait valoir au Premier ministre (Percival) Patterson, dans une conversation téléphonique, qu’il s’agissait d’un geste inamical qui risquait de créer des tensions », a estimé M. Latortue dans une déclaration sur une radio privée de la capitale, Radio Métropole. « M. Patterson m’a indiqué qu’il s’agissait d’un geste purement humanitaire et qu’il se félicitait de ma nomination faite dans le respect constitutionnel », a ajouté M. Latortue, en précisant que le Premier ministre jamaïcain avait parlé de « l’ancien président et de M. Aristide » et non du président Aristide. M. Patterson est président en exercice de la Communauté des pays de la Caraïbe (Caricom). « Je maintiens qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer », a souligné M. Latortue, qui a cependant lancé « un appel au calme ». Nous essaierons « sinon d’empêcher cette visite, ce qui semble difficile, du moins de la limiter au minimum », a indiqué M. Latortue, en espérant qu’il s’agira « d’un très court séjour ». Selon l’invitation, le séjour de M. Aristide et de son épouse Mildred ne devrait pas excéder dix semaines. Leurs deux filles résidant en Floride devraient les rejoindre. Une source diplomatique occidentale a qualifié vendredi auprès de l’AFP cette visite de « déstabilisatrice et surprenante », en précisant que l’invitation n’étant pas un asile politique. La Convergence Démocratique demande au nouveau premier ministre de faire preuve de fermeté vis-à-vis de la CARICOM . L’un des dirigeants de la Convergence , Micha Gaillard, suggère à Gérard Latortue de brandir la menace de retrait d’Haiti de la CARICOM pour empêcher cette présence de M. Aristide à la Jamaïque qui est de nature « à destabiliser le processus démocratique dans le pays ». Avant la démission de M. Aristide , le 28 février, la CARICOM avait produit une requête en équipements auprès de l’Afrique du Sud pour aider le gouvernement haitien et la police à « stabiliser le pays » alors en proie à une insurrection armée , a confirmé récemment le gouvernement sud-africain. Cet équipement a été acheminé à la Jamaïque mais Aristide a eu le temps de partir.Le premier ministre jamaïcain , Percival Patterson , a indiqué que M. Aristide avait sollicité une aide de la CARICOM en ce sens ,le 23 février 2004.