L’ex-président haïtien va porter plainte contre la France pour « enlèvement »

Des plaintes visant la France et les Etats-Unis pour « enlèvement » sont en préparation à la demande du président haïtien déchu Jean Bertrand Aristide, qui affirme avoir été forcé à quitter Haïti par Washington, avec la complicité de Paris. « Le président Aristide m’a donné mission de déposer plainte en France (…) pour enlèvement et séquestration », a déclaré mercredi l’avocat français Gilbert Collard, joint par téléphone. L’avocat français a précisé qu’il attendait de recevoir un mandat écrit de M. Aristide pour déposer sa plainte au tribunal de grande instance de Paris. Selon lui, plusieurs témoignages et des photos devraient être joints au dossier en support de la plainte. L’avocat a indiqué que cette plainte viserait la France, et notamment l’actuel ambassadeur de France en Haïti, Thierry Burkard. Il a précisé qu’un avocat américain avec qui il est en contact déposerait pour sa part une plainte aux Etats-Unis contre l’ambassadeur américain en Haïti, James Foley. Selon Me Collard, un représentant de cet avocat, Me Ira Kurzban, s’est rendu récemment en Centrafrique pour rencontrer l’ancien chef d’Etat haïtien. « Le président Aristide lui a confirmé qu’il avait été enlevé », a-t-il précisé. De passage à Paris à son retour de Bangui, ce juriste a fait état mercredi lors d’une conférence de presse à Roissy des projets de plainte en France et aux Etats-Unis, a indiqué Me Collard à l’AFP. « L’administration Bush a voulu arracher Aristide d’Haïti (…) et la France a prêté la main dans des conditions qui sont contraires au droit international », avait-il déclaré auparavant sur France Inter. « A minima, la France, qui a soutenu cet enlèvement, s’en est rendue complice », a-t-il affirmé à l’AFP. L’ambassadeur de France en Haïti avait pour sa part déclaré à l’AFP n’avoir « pas participé à la phase finale » des discussions ayant conduit Aristide a démissionner et à fuir son pays dans un avion américain. Exilé à Bangui où il est arrivé le 1er mars, Jean-Bertrand Aristide se dit « victime d’un coup d’Etat » et affirme être toujours « le président élu » d’Haïti. Pour le quai d’Orsay, il y a bien eu en revanche une « démission formelle » d’Aristide et « sa lettre de démission a été actée ». Selon Me Collard, cette démission, « la nuit, entre les mains de militaires en armes », n’était pas constitutionnelle. Mardi, Me Ira Kurzban avait déjà demandé dans une lettre au ministre américain de la Justice John Ashcroft l’ouverture d’une enquête sur les circonstances du départ de M. Aristide. Selon Me Kurzban, M. Aristide et son épouse Mildred Trouillot Aristide, une citoyenne américaine, ont été enlevés « à bord d’un avion appartenant tout ou partie aux Etats-Unis ». « Ces actes criminels semblent être le fait de personnel du gouvernement américain agissant sous l’ordre de hauts responsables du gouvernement américain, dont le numéro deux de l’ambassade américaine en Haïti, Luis Moreno, et probablement le secrétaire d’Etat adjoint à l’Amérique latine Roger Noriega, le secrétaire d’Etat Colin Powell et le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld », affirme sa lettre. PARIS (AFP)

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