Le 28 mai 1999, les Organisations Populaires (OP) Lavalas étaient passées à l’action pour faire échec au mouvement citoyen enclenché par la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haiti (CCIH) en particulier, son président, Olivier Nadal. Le Pouvoir n’avait pas du tout apprécié les prises de position critiques de M. Nadal qui entendait provoquer le réveil de la conscience nationale . Début 99, un nouveau président est élu à la Chambre de Commerce et d’Industrie. Et depuis, un changement de ton et de discours est constaté. La Chambre traditionnellement muette et passive par rapport à la politique fait renaître l’espoir d’un changement en Haïti. Le nouveau président de la Chambre de Commerce provoque un éveil de conscience baptisé le « Cri de Nadal ». Le cri fait écho et le message fait son chemin. L’occasion est tout indiquée pour dire non à la violence mais comment le faire ? Un rassemblement est annoncé pour le 28 mai au Kiosque Occide Jeanty , au Champ de Mars. Olivier Nadal qui, quelques jours plus tôt, a été très critique vis-à-vis du régime du président René Préval entreprend une tournée au quartier populaire « Bel-Air », fief de Lavalas. Il est bien accueilli. Objectif : recueillir les doléances des petites marchandes. Il en profite pour réitérer son appel à la paix. Le « Cri de Nadal », son message, sa tournée au Bel-Air, l’invitation pour le rassemblement du 28 mai provoquent le mécontentement chez les lavalassiens. Yvon Neptune, chef a.i. de Fanmi Lavalas, ne se fait pas fait prier pour s’en prendre au président de la Chambre de Commerce qu’il accuse notamment d’avoir financé le coup d’Etat militaire du 30 septembre 1991. Le Conseil Supérieur de la Police Nationale d’Haïti (CSPN), alors présidé par Jacques Edouard Alexis, accepte d’accorder l’autorisation pour la tenue du rassemblement. Toutefois, le premier ministre Alexis et le secrétaire d’Etat à la sécurité publique , Robert Manuel , prennent soin de mentionner que la PNH est là rien que pour faire son travail et en aucune façon ne saurait soutenir un secteur politique. En dépit de la position mitigée de la Police, de nombreux citoyens répondent à l’appel. Mais cette foule va faire une amère expérience avec des contre-manifestants. Sous un soleil de plomb, on entend des messages pour la paix contre l’anarchie, l’impunité et l’insécurité et aussi des slogans hostiles à Lavalas. Ce que les OP pro-Aristide ne digèrent pas. Contre toute attente, en présence de la police impuissante, en dépit des promesses de garantie de sécurité , une pluie de pierres et d’urine s’abat sur les intervenants, pour la plupart du secteur privé. L’atmosphère est tendue et l’on essaie de mener à terme le rassemblement. Une deuxième tentative échoue mais les intervenants réussissent à identifier les agresseurs. Le président de la Chambre de commerce, Olivier Nadal, a la vie sauve de façon miraculeuse. Les membres d’OP sont furieux. Dans la foulée, la presse est encore victime et cette fois plusieurs journalistes haïtiens sont passés à tabac. Devant l’ampleur des dégâts et face à l’impuissance de la Police, le rassemblement se termine prématurément sur ordre du directeur départemental de l’Ouest de la PNH , Aramick Louis. Ceux-là qui s’apprêtaient, pour la première fois, à dire non à la violence ,à l’impunité et à l’insécurité ont rapidement compris qu’en Haïti le droit de protester ou de manifester n’ appartient pas à tous les secteurs. Et depuis, toutes les tentatives de rassemblement buttent sur l’intolérance des OP Lavalas. Quatre (4) ans après, les victimes de la violence du 28 mai 1999 ont encore en mémoire les invectives, les agressions des OP et la passivité de la PNH. L’histoire retient que Olivier Nadal, président de la Chambre de Commerce, connait l’exil depuis, pour avoir pris position contre l’insécurité, l’anarchie et la violence. Son message a fait écho à l’époque, la solidarité était également tangible tandis qu’aujourd’hui, Olivier Nadal doit se mordre les doigts. L’émission « Métropolis » du samedi 24 mai 2003 en dit long sur le sentiment d’amertume qui anime l’ancien président de la Chambre de Commerce réfugié à Miami . M. Nadal révèle qu’il a été abandonné non seulement par ses collègues de la Chambre de Commerce mais aussi par sa famille . Il en profite pour stigmatiser le comportement du secteur des affaires .
Il y a quatre (4) ans, un rassemblement pacifique du secteur des affaires finissait dans la violence à Port-au-Prince
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