2 juillet-2 août 2002, un (1) mois de violence imposée par les OP des Gonaïves jusqu’à l’évasion d’Amiot Métayer

La libération spectaculaire du dirigeant d’Organisations Populaires (OP), Amiot Métayer, le vendredi 2 août 2002, aux Gonaïves n’en finit pas de susciter des commentaires. Cette action d’éclat réalisée par les OP n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’un ensemble d’actes enregistrés depuis un mois. Tout a commencé un 2 juillet 2002 avec l’arrestation d’Amiot Métayer dit Cubain, une arrestation hors du commun, en toute amitié, sans contrainte, indique le chef OP. Ce bouclage du militant Lavalas intervient en pleine mouvance pour la reprise des négociations politiques interrompues depuis environ un an et à un moment où la Résolution 806 de l’OEA souffre d’application intégrale. Dès le lendemain, l’Opposition qui accuse  » Cubain  » dans les violences du 17 décembre qualifia son arrestation de “bon signe”. Après deux (2) jours en prison sans chef d’accusation, la justice haïtienne l’inculpe pour l’incendie de plusieurs maisonnettes à « Jubilé » ( quartier populaire aux Gonaïves). Les partisans du puissant chef OP déclenchent alors une série de mobilisation visant sa libération. Pneus enflammés, jets de pierre, ils annoncent les couleurs. Ils n’ont pas l’air de plaisanter après la disparition de Ronald Bèbè ( chef OP Lavalas à Fortouron, La Saline) et l’arrestation de Ronald Cadavre à Port-au-Prince. Le président Jean Bertrand Aristide intervient dans le dossier : “Comment Lavalas pourrait avoir un plan pour arrêter les chefs d’Organisations Populaires?” avait-il lancé. Mine de rien, ces OP ont incendié une partie de la douane des Gonaïves et manifesté contre le Pouvoir en place aux cris de “Aba Aristide, Vive Cubain”. Et les manifestants allaient changer de slogan dès le lendemain “ Vive Aristide, Donnez-nous Cubain”, ont-ils lancé sous la protection de la police, cette fois. Mais Amiot Métayer restait et demeurait en prison , pris dans les longues procédures judiciaires et ses partisans allaient intensifier la pression et les menaces de chambardement de la ville. Pour preuve, le Palais de Justice et une partie de la mairie ont été mis à feu, le commerce paralysé, entre autres. La Cité de l’Indépendance convertie en foyer de tension. Le vendredi 2 août, un mois jour pour jour après l’emprisonnement d’Amiot Métayer, ses partisans lourdement armés et munis d’une chargeuse renversent les murs de la prison , mettent les policiers en déroute et libèrent leur chef. Le fugitif Métayer fête le soir même sa victoire à  » Raboteau  » , son quartier et accompagné d’un autre évadé Jean Tatoun, il prend la tête d’une manifestation anti-gouvernementale et appelle au départ de Jean Bertrand Aristide du pouvoir. L’ancien chef OP Lavalas qualifie le président du 26 novembre de traitre. Et le chef du gouvernement Yvon Neptune réagit à ce qu’il ne considère plus comme le peuple haïtien mais un petit groupe de bandits. A tout prendre le sort en est jeté, le divorce semble consommé entre le Pouvoir et ses bases aux Gonaïves où les anciens lavalassiens donnent à Jean Bertrand Aristide un mois pour se démettre.

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