4 ans de descente aux enfers pour Haïti

Une organisation de défense des droits humains publie un rapport faisant état de quatre années de dérive et de galère pour les gouvernants et gouvernés haïtiens.

Haiti est en train de devenir un proto état, prévient maître Gédéon Jean, Directeur du centre d’analyse et de recherche en droits humains (CARDH). Cette institution a présenté en début de semaine un rapport accablant sur la situation calamiteuse de l’État haïtien. Entre juin 2021 et juin 2025, les gangs armés ont mis l’État haïtien à genoux. 

Le CARDH indique que 102 institutions étatiques dont des ministères et des directions générales ont fui devant l’extension des gangs. Récemment un ministre avait confié à radio Métropole qu’il était un déplacé interne .

La réalité dépasse la fiction en Haïti notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.

Les gangs ont une forme de gestion des populations sous leur contrôle. Ils collectent des taxes, il ne leur manque qu’un drapeau pour affirmer leur autonomie.

Martissant, premier territoire perdu 

Depuis la prise de contrôle de Martissant par les gangs de Village de Dieu et de Grand Ravine, les autorités gouvernementales et sécuritaires n’ont lancé aucune offensive pour récupérer cet espace stratégique. Face à la colère des habitants de la péninsule sud les autorités ont rouvert le port de Saint Louis et annoncé l’extension de l’aéroport Antoine Simon pour garantir le désenclavement.

Le journaliste senior M. Rommel Pierre est dépité par le laxisme des responsables de l’exécutif.

Il s’étonne que les autorités n’aient adopté aucune disposition pour garantir la tranquilité aux haïtiens.Tout en souhaitant un réveil des organisations sociales et religieuses, M. Pierre, natif de Carrefour, presse les autorités à s’acquitter de la mission inhérente à leur fonction.

A son avis même dans les zones non contrôlées par les gangs la vie n’est pas normale. Il fait remarquer que les fêtes champêtres, importantes à la fois pour la culture et l’économie, ne sont plus ce qu’elles étaient. Il faut revenir à la normalité, clame t-il. 

Règne hégémonique des gangs

Les statistiques sont accablantes. En 2024, 5 601 personnes ont été tuées, 2 212 blessées et 1 494 enlevées.

 Les gangs contrôlent 28 quartiers importants dont 25 sont dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Notamment Croix-des-Bouquets, Bas de Delmas, Tabarre, Carrefour feuilles, Solino, Martissant.

En outre plus 

 d’un million de personnes ont fui leur résidences. L’État tergiverse et peine à venir en aide à ces citoyens confrontés à des drames et qui devront affronter une nouvelle saison cyclonique dans les sites d’hébergement.

Les forces de l’ordre au cours des dernières semaines ont reconquis plusieurs espaces. Les agents de l’ordre ont payé un lourd tribut en raison de l’hégémonie des gangs.

136 policiers ont été tués durant cette période, révèle le CARDH. 

La note est très salée également pour le secteur privé. 600 entreprises ont été vandalisées et ou incendiées. De nombreux entrepreneurs sont en faillite et certains ont été contraints de fuir le pays en raison des kidnapping.

Le CARDH et les organismes de défense des droits humains appellent les autorités à réaliser une réforme de la l’infrastructure securitaire.

Il recommande entre autre l’adoption d’un cadre légal sécuritaire d’urgence modifiant la loi du 29 novembre 1994 créant la PNH, la création d’une unité antiterroriste, l’augmentation des effectifs de la PNH et des Forces armées et la levée de l’embargo sur les armes.

LLM / radio Métropole Haïti 

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