
La perception de la quasi-totalité des habitants de Mirebalais est que leur ville, connue pour son pacifisme, a été livrée par les autorités haïtiennes. Plus de 80% des habitants sont des déplacés internes et doutent de la volonté du gouvernement d’œuvrer en vue de leur retour à leur domicile.
Divers revers enregistrés par les forces de l’ordre, au cours des trois mois de contrôle de Mirebalais par les gangs, ont conforté l’opinion que les autorités sont devenues complices des terroristes. L’incendie, la semaine écoulée, d’un équipement lourd ayant coûté plus de 100 000 dollars à la société civile a été la goutte d’eau qui a fait débordé le vase. En colère les habitants ont repris le contrôle de la centrale hydroélectrique de Péligre saccageant en passant des pylônes de haute tension.
Il s’agit d’un mouvement des citoyens sans véritable leadership, confie le juriste Roberson Mazarin. Il explique que les habitants entendent faire pression sur les autorités afin de pouvoir rentrer chez eux.
Aucune réaction du gouvernement
Deux semaines de paralysie de la centrale de
Péligre n’ont provoqué aucune réaction des autorités gouvernementales haïtiennes. M. Mazarin note que les protestataires n’ont pas été contactés par les autorités en vue d’un retour à la normale. S’il dénonce le refus du Premier Ministre de lancer des discussions directes avec les habitants, M.
Mazarin confirme que le coordonnateur du CPT, M. Fritz Alphonse Jean, a fait montre d’empathie à l’égard des Mirebalaisiens déplacés.
Toutefois les promesses n’ont toujours pas été concrétisées. M. Mazarin regrette une nonchalance des autorités dans ce dossier. Il révèle que sur 34 millions de gourdes mobilisées pour la crise sécuritaire dans le Centre, 16 ont été retenues par les autorités sécuritaires de la capitale. Ce comportement est consideré comme absurde d’autant que les blindés sont réparés par des techniciens sur place payés par les organisations de la société civile.
Les premières opérations avaient été réalisées par les policiers déjà déployés dans la région.
Le revendications sont claires
Les revendications des habitants de Mirebalais ont le mérite d’être claires et précises. Ils exigent le renforcement de l’effectif des forces de police spécialisées, le déploiement de nouveaux blindés et l’implication des drones afin de chasser les terroristes. M
Mazarin fait remarquer quil s’agit de choses basiques qui trois mois plus tard n’ont jamais été satisfaites. Il dénonce le mauvais état des trois blindés impliqués dans le dispositif sécuritaire. Ces équipements tombent en panne plusieurs fois durant les opérations, dit il réclamant également de meilleur traitement pour les membres des unités spécialisées déployés sur place.
Les groupes d’autodéfense sont également impliqués dans le dispositif sécuritaire. Les citoyens apportent un appui logistique indispensable aux policiers et se positionnent en vue de capturer les criminels qui tentent de fuir.
La fin justifie les moyens
Les protestataires assurent que leur objectif n’est pas de punir les résidents de la région métropolitaine de Port-au-Prince mais de forcer les autorités à assumer leur responsabilités. Répondant aux critiques qui considèrent cette action comme extrême, M. Mazarin fait valoir que les habitants de Mirebalais sont en train d’endurer des souffrances extrêmes depuis trois mois. Il s’agit d’une réaction comparable à celle des esclaves de Saint Domingue pour récupérer leur liberté et dignité, conclut il.
LLM / radio Métropole Haïti