Affaire Boulos : nouvelle audience fixée au 22 septembre après l’audition du 26 août aux États-Unis

L’homme d’affaires haïtien Pierre Réginald Boulos, accusé par les autorités américaines de soutien présumé à des gangs violents en Haïti et de violations migratoires, a comparu mardi 26 août devant un tribunal de l’immigration en Floride. Une troisième audience décisive a été programmée au 22 septembre, selon des sources judiciaires et des médias haïtiens basés en Floride.

Lors de cette audition devant le juge Jorge Pereira, au centre de détention de Krome North près de Miami, M. Boulos, âgé de 69 ans et fondateur du parti politique Mouvement pour la transformation et la valorisation d’Haïti (MTVAyiti), a réclamé la reconnaissance de sa nationalité américaine. Né aux États-Unis en 1956, il affirme n’avoir jamais formellement renoncé à cette citoyenneté, arguant que la procédure de renonciation en 2019, effectuée pour se conformer à la Constitution haïtienne en vue d’une candidature présidentielle avortée, n’a pas été publiée au Federal Register, le journal officiel américain. Ses avocats, dont Atara Eig du cabinet Candela, Eig & Jurgens, soutiennent que cette décision « n’a jamais été finalisée », ce qui pourrait invalider son statut actuel de résident permanent.

Arrêté le 17 juillet à son domicile de Palm Beach par l’agence fédérale de l’immigration et des douanes (ICE), M. Boulos reste en détention provisoire. Les autorités américaines lui reprochent d’avoir omis de déclarer, lors de sa demande de résidence permanente en 2024, son implication dans la création de son parti politique et une enquête haïtienne pour détournement présumé de prêts publics menée par l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC). L’ICE l’accuse également d’avoir contribué à la « déstabilisation d’Haïti » en soutenant des groupes armés affiliés à l’organisation « Viv Ansanm », qualifiée de terroriste étrangère par Washington, et d’avoir des liens potentiels avec l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021. Ces allégations, issues d’une enquête conjointe impliquant le FBI et le Département d’État, visent à justifier une procédure d’expulsion vers Haïti, où le magnat des affaires, à la tête d’entreprises comme Delimart et Autoplaza, risque un « accueil chaleureux » des autorités locales, selon un communiqué de l’ICE du 27 juillet.

La famille de M. Boulos n’a pas commenté publiquement, tandis que des manifestations sporadiques ont eu lieu devant le centre de détention, certains protestataires craignant un retour en Haïti où la justice serait influencée par les gangs. L’audience du 22 septembre pourrait sceller son sort : reconnaissance de la citoyenneté américaine, libération conditionnelle ou expulsion, dans un contexte de durcissement des politiques migratoires sous l’administration Trump.

En Haïti, où M. Boulos fut président de la Chambre de commerce et un acteur économique influent, l’affaire suscite un silence assourdissant des autorités et de la classe politique, alimentant les spéculations sur les réseaux oligarchiques.

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