
Lors d’une réunion de haut niveau tenue ce lundi, en marge de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, les acteurs internationaux ont réitéré leur appel pressant à transformer la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMAS) en Haïti en une Force de Répression des Gangs (FRG), afin de contrer la montée inexorable des violences armées et d’éviter un effondrement sécuritaire imminent.
Le président kenyan William Ruto, dont le pays est à la tête de la MMAS, a exhorté avec insistance les États membres à appuyer une résolution amendée du Conseil de sécurité visant à élargir le mandat de la mission et à la doter de ressources substantielles. « Les avancées réalisées – atténuation de la violence des bandes criminelles, sécurisation d’infrastructures essentielles et retour au foyer de milliers de familles déplacées – exigent une action immédiate et décisive pour pallier les lacunes persistantes en équipements et en financements », a-t-il déclaré, soulignant les succès relatifs de la force actuelle tout en plaidant pour une transition vers une entité plus robuste, forte de 5 500 hommes et dotée d’un mandat proactif sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies.
De son côté, Laurent Saint-Cyr, coordinateur du Conseil présidentiel de transition, a affirmé la « détermination inébranlable » des autorités locales à restaurer l’autorité étatique, tout en identifiant la sécurité comme « l’obstacle primordial ». « Nous avons acquis des équipements pour la police nationale et les Forces armées haïtiennes ; l’objectif est de garantir la libre circulation des citoyens sur l’ensemble du territoire, condition indispensable à la tenue des élections constitutionnelles et législatives de 2025 », a-t-il martelé, en soutenant explicitement la proposition américaine de créer une FRG assortie d’un bureau de soutien logistique onusien à Port-au-Prince.
La sous-secrétaire d’État adjointe américaine a, pour sa part, déploré les insuffisances actuelles de la MMAS, malgré les contributions du Kenya et de ses partenaires. « La mission manque cruellement du mandat et des ressources nécessaires pour affronter l’ampleur croissante du défi », a-t-elle lancé, appelant à un vote rapide du Conseil de sécurité sur la résolution coparrainée par les États-Unis et le Panama, qui prévoit un financement mixte, contributions volontaires pour la FRG et évaluations onusiennes pour le soutien opérationnel.
Des représentants de la CARICOM et de la société civile haïtienne ont préconisé une approche intégrée, conjuguant aide humanitaire et avancée politique, dans un pays où plus d’un million de personnes sont déplacées depuis fin 2024, et où 908 millions de dollars sont requis pour assister 3,9 millions d’Haïtiens en 2025.
Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres qualifie le pays de « point névralgique mondial » de l’insécurité alimentaire. Les délibérations se poursuivront cette semaine, dans l’espoir d’une résolution qui dotera la FRG des moyens nécessaires à une stabilisation pérenne.