
Les autorités dominicaines maintiennent leur position dans les relations avec Haïti. Aucun signe de réchauffement n’a été observé dans les relations diplomatiques entre les deux pays. Le correspondant de Radio Métropole à Santo Domingo, M. Jean Michel Carroit, souligne que les travaux de la commission mixte sont interrompus depuis plusieurs années. Les officiels dominicains affirment que l’absence d’autorités légitimes en Haïti est la cause du dysfonctionnement de ce mécanisme important. La commission mixte permettait des échanges sur des thèmes sensibles tels que la migration, la santé, l’environnement et le commerce.
Les échanges commerciaux ont repris de manière informelle, notamment après la destruction de la barrière au poste frontalier de Ouanaminthe. Les autorités haïtiennes n’exercent aucun contrôle sur plusieurs points frontaliers, ce qui favorise l’intensification de la contrebande. En moyenne, les exportations annuelles dominicaines avoisinent le milliard de dollars américains.
La déportation des migrants haïtiens au centre des discussions
En matière de politique migratoire, les avis divergent. Des entrepreneurs des secteurs de la construction et de l’agriculture pressent le gouvernement de lancer un processus de régularisation des migrants haïtiens. Dans ces secteurs, la rareté de la main-d’œuvre affecte considérablement le rendement des entreprises. Les travailleurs haïtiens, qui effectuent les tâches les plus ardues, sont pourchassés par les agents de la Direction générale de la migration.
Le Collectif pour la migration et le respect des droits humains a récemment formulé des recommandations et dénoncé des violations des droits humains lors du processus de déportation des migrants haïtiens. Les statistiques officielles font état d’une hausse de 72 % des déportations au cours des six derniers mois, conséquence du durcissement de la politique migratoire menée par le président Abinader.
Cependant, la Direction de la migration a annoncé la mise en œuvre d’un processus de régularisation limité à certaines régions géographiques. Ce processus est critiqué par le Collectif, qui y voit une stratégie visant à restreindre les déplacements des travailleurs. Parallèlement, les statistiques indiquent une forte baisse du nombre de femmes haïtiennes accouchant dans les hôpitaux dominicains : de 20 000 en 2024, le chiffre est passé à 12 000 cette année.
Le Collectif Migration et Droits Humains dénonce également la corruption des agents impliqués dans les déportations. Dans le secteur du transport, l’interdiction d’accès à l’espace aérien dominicain persiste. Les autorités dominicaines ne délivrent pas non plus de visas d’entrée aux ressortissants haïtiens.
Le président Abinader plaide pour une solution à la crise haïtienne
Concernant le déploiement de la force de répression des gangs, les autorités dominicaines ont indiqué qu’aucune participation n’était envisagée. La collaboration se limitera à un appui sanitaire pour l’évacuation des blessés de la force. Il s’agit de maintenir la même coopération avec la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), précise M. Carroit, soulignant qu’aucune déclaration officielle n’a encore été faite sur cette force.
Le président Luis Abinader a, à plusieurs reprises, plaidé pour la mobilisation de ressources financières nécessaires afin de résoudre la crise sécuritaire en Haïti. Le report du Sommet des Amériques empêche le chef d’État dominicain de disposer d’une nouvelle tribune pour inciter les acteurs internationaux à trouver une issue à la crise haïtienne.
LLM / Radio Métropole Haïti

