Le kidnapping divise les chefs de gang

C’est une évolution de l’économie criminelle en Haïti qui explique le desamour de certains gangs pour le kidnapping, analyse le défenseur des droits humains , M. Gédéon Jean. Le directeur du centre d’analyse et de recherche en droits humains (CARDH), interprète les affrontements violents du début de semaine entre des gangs rivaux comme étant l’apogée d’un profond désaccord sur le dossier du kidnapping.

Ce phénomène, considéré comme une véritable industrie criminelle, a permis entre 2022 et 2024 aux gangs de collecter des ressources financières importantes. Ces gangs ont amassé une richesse colossale qu’ils utilisent en partie pour l’acquisition des armes et munitions. Une autre partie des montants collectés sont introduits dans le cadre du processus du blanchiment des avoirs.

Impossible de trouver un consensus

Ayant amassé une une énorme fortune les chefs de gangs les plus importants ont pu s’affranchir de leur supporteurs dans les élites économiques et politiques. De l’avis de M. Jean ces chefs de gangs ne veulent plus être étiquetés de ce label parce qu’ils se proposent d’envoyer une autre image à la population .

Ce dossier du kidnapping divise les membres du regroupement criminel dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.

M. Jean explique que les gangs importants, disposant d’autres sources de revenu tels le trafic des armes et de la drogue, peuvent se passer du kidnapping.

Tel n’est pas le cas pour les gangs de moindre importance qui ont besoin de fonds pour acquérir des armes et munitions indispensables.

Complicité entre policiers et chefs de gang 

Par ailleurs le défenseur des droits humains alerte sur l’implication de policiers et d’anciens policiers et même d’officiels dans l’industrie du kidnapping. Il en veut pour preuve la grande logistique permettant de transférer des otages capturés à Pétion ville vers des repaires des Gangs à Grand Ravine et Bel Air. 

Le gang de Bel Air est réputé à la fois pour la perpétration des enlèvements et la détention des victimes. 

De plus des victimes peuvent être séquestrées par un groupe distinct de celui ayant réalisé le kidnapping. Le gang de Bel Air commet les exactions notamment à Delmas, Turgeau et Bois Verna.

Des leaders communautaires ont dénoncé des policiers impliqués dans de nombreux enlèvement enregistrés au cours des derniers mois à Delmas. Plus de 80 % des enlèvements sont perpétrés dans cette commune notamment dans les zones sous contrôle des forces de l’ordre.

En début de semaine des affrontements violents ont eu lieu entre les gangs de Bel Air et de La Saline. Le bilan n’est pas exhaustif mais entre une vingtaine et une cinquantaine de bandits de deux camps ont été tués.  

Interrogé sur l’interprétation à donner à cet affrontement ayant conduit à la libération de plusieurs otages, M. Jean assure qu’il se réjouit de tout acte positif en faveur de la population. Il ne tient pas compte de l’origine de l’action considérant uniquement son aspect bénéfique pour les citoyens.

Les bandits dénoncent des policiers impliqués dans les enlèvements et refusent désormais que leurs victimes soient séquestrées au Bel Air.

LLM / radio Métropole Haiti

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