
Amnesty International a vivement condamné l’incapacité des autorités haïtiennes à assurer la sécurité de leur population, après le massacre survenu à Labodrie, dans le département du Centre, les 11 et 12 septembre. Ces attaques, attribuées à des groupes armés, ont fait plus de quarante morts, parmi lesquels des femmes et des enfants, selon des organisations locales.
« La population haïtienne a le droit de vivre dans la dignité et sans crainte permanente des violences des gangs », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice régionale pour les Amériques. Elle dénonce l’inefficacité persistante de la réponse étatique, qui entretient un cycle d’impunité exposant d’autres communautés à de semblables atrocités.
L’organisation plaide pour un renforcement urgent de la Police nationale d’Haïti (PNH) ainsi que pour la restauration d’un système judiciaire paralysé par la corruption et l’insécurité. Amnesty réclame par ailleurs des enquêtes indépendantes sur les massacres, dont celui de Labodrie, marqué par des exécutions sommaires et l’incendie de villages entiers.
Cette mise en garde intervient alors que plus de 1,3 million de personnes sont déplacées internes et que près de la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire aiguë. Les gangs, qui contrôlent une large part de Port-au-Prince et étendent leur influence sur des zones agricoles comme l’Artibonite et le Centre, bloquent les principaux axes commerciaux, provoquant une flambée du prix du riz et du carburant.
Amnesty exhorte également le Conseil de sécurité des Nations unies, l’OEA, la CARICOM et les bailleurs internationaux à intensifier leur soutien, en s’appuyant sur la société civile haïtienne pour réformer la gouvernance et mettre fin à l’impunité. Selon l’organisation, le massacre de Labodrie illustre cruellement l’effondrement de la protection étatique et justifie une mobilisation accrue de la communauté internationale.