
À partir de ce lundi 23 septembre 2013, vous pourrez composer l’un de ces deux numéros de téléphone, le 22-59-111 ou le 22-60-111, pour porter plainte si vous êtes victime ou témoin d’un comportement répréhensible d’un ou de plusieurs fonctionnaires de police.Cette nouvelle disposition de l’Inspection générale de la PNH entre en vigueur le jour même de la venue en Haïti du nouvel Expert indépendant des Nations Unies sur les droits de l’homme, Gustavo Gallón. Justement, du 23 septembre au 1er octobre 2013, M. Gallón analysera la situation des droits de l’homme en Haïti. La note de presse à l’origine de cette information, assez laconique, est cependant confirmée par l’inspecteur général en chef, Ralph Stanley Jean-Brice, et approuvée par le directeur général de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Godson Orélus. Elle est par contre très peu explicite sur son champ d’application et on ne sait si elle s’appliquera sur toute l’étendue du territoire national ou seulement dans la conurbation formée autour de la capitale Port-au-Prince. Elle n’expose guère les motifs justifiant l’adoption du nouveau dispositif, mais c’est un secret de Polichinelle que les accusations « d’usage excessif de la force » ciblant des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) ont régulièrement illustré les différents rapports sur la situation des droits humains en Haïti. Depuis sa publication, la nouvelle disposition fait l’objet de commentaires variés dans l’opinion publique. Les propos rapportés ici ont été recueillis ce samedi dans un minibus assurant le transport de passagers entre le bas de l’autoroute de Delmas et la gare routière de Pétion-ville, banlieue de Port-au-Prince. La plupart des justiciables doutent de l’efficacité de la mesure, arguant qu’elle se révèlera bien vite incapable de mettre un terme aux abus de pouvoir des policiers. « Ce sera la parole du policier fautif contre celle du plaignant, et qui pensez-vous aura le dernier mot ? » disent-ils, sentencieux. « D’ailleurs, il faudrait commencer par sanctionner avec la dernière rigueur les policiers coupables de dérives graves ou d’exactions, pour créer des précédents, pour donner des exemples, comme ça les autres réfléchiront à deux fois avant d’avoir un comportement répréhensible « , s’exclame une jeune mère de famille. « Mais qui prononcera d’ailleurs le verdict de culpabilité ? », se demande-t-elle, sceptique. »Et, à supposer qu’il y aurait des sanctions, s’exclame sa voisine, qui protègera le plaignant des représailles du policier sanctionné ou de la vengeance de ses collègues ? » »Porter plainte, soutient pour sa part un vieillard encore alerte, c’est d’abord identifier le coupable. Et la plupart des policiers refusent souvent de porter le badge de l’institution bien en évidence sur leur torse .. Alors, dites-moi comment pourra-t-on identifier un policier sans badge ? » L’argument-massue est cependant venue d’un jeune homme qui était resté jusque là silencieux. « Tout ce que vous dites là est sensé, concède-t-il, mais faudra-t-il bien que les appels téléphoniques aboutissent d’abord et qu’ils suscitent dans un second temps les réactions appropriées ?! ».Ce dernier commentaire provoque un concert d’exclamations bruyantes que son auteur, satisfait de son effet, contemple, un sourire indéfinissable sur les lèvres.Le dernier Rapport semestriel des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti est formel. « Au cours du second semestre 2012, plusieurs cas d’allégations d’usage excessif de la force par des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) ont été documentés dans le cadre d’opérations d’évictions forcées, de répression de mouvements de protestation et d’opérations anti-criminalité, ainsi que dans le cadre d’incidents isolés ». » Les poursuites judiciaires ne sont pas encore engagées contre la majorité des cas d’allégations d’usage excessif de la force par des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) », lit-on par ailleurs dans ce rapport couvrant la période de janvier à juin 2013.HA/Radio Métropole Haiti