
La prise de fonction d’un nouveau coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) est source de débat entre les acteurs politiques et les spécialistes haïtiens. Si pour certains la passation de témoin entre M. Fritz Alphonse Jean et Laurent Saint Cyr, ce jeudi 7 août 2025, représente une véritable cérémonie de passation de pouvoir pour d’autres cette cérémonie est un non événement.
M. Guichard Doré, ancien Conseiller du président Jovenel Moise considère qu’il s’agit d’une véritable prise de fonction de M. Saint Cyr. À son avis il s’agit d’une passation de pouvoir à l’instar des passations classiques entre deux présidents élus. M. Doré explique que le coordonnateur du CPT est dans les faits le chef de l’État puisque c’est lui qui signe les décrets et autres actes de l’administration. Le coordonnateur est d’autant plus le chef de l’État qu’il préside le conseil des ministres. M. Doré estime les autres Conseillers Présidents sont comme de simples conseillers, assistant aux conseils des ministres. De plus il souligne que le coordonnateur du CPT est reçu en tant que Chef de l’État dans les instances internationales.
Tenant compte de ces prérogatives, M. Doré juge que le coordonnateur du CPT incarne la fonction de chef de l’État. À ses yeux il ne saurait être considéré comme un simple porte parole du CPT.
La Présidence est collégiale attestent des spécialistes
Plusieurs autres spécialistes et acteurs politiques rejettent l’argumentaire du coordonnateur du CPT, chef de l’État. Ils font valoir que la Présidence étant collégiale, elle est assumée par les 9 conseillers Présidents.
C’est la position de M. Ted Sindic, membre du Bureau de suivi de l’accord de Montana.
Pour lui la cérémonie de passation de témoin à M. Saint Cyr est un non événement. Il rappelle que les prérogatives du chef de l’État sont assumées par le collège présidentiel. Il fait peu de cas des supposés désaccords entre les Conseillers Présidents arguant qu’ils s’entendent sur l’essentiel. Il accuse les membres du CPT d’exécuter un plan de destruction de l’État au profit de certains secteurs nationaux et internationaux.
C’est également l’avis du journaliste, M. Goudou Jean Numa. Il s’oppose à l’idée de considérer les Conseillers Présidents comme de simples conseillers spéciaux qui donnent leur avis. Selon M. Numa les positions exprimées par les conseillers présidents ne peuvent être ingnorées puisqu’il faut une majorité pour organiser les réunions en conseil des ministres.
Préoccupations autour du siège de la Présidence
La passation de témoin au plus haut sommet de l’État suscite d’autres interrogations notamment l’absence d’un Palais présidentiel.
De l’avis de M. Doré il s’agit d’un problème important puisque le chef de l’État n’a pas d’espace pour siéger. Rappelant que le Palais est le symbole du pouvoir Républicain , M. Doré regrette que des dispositions n’aient pas été prises pour reconstruire le Palais National, détruit lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Une commission avait été mise en place en juin 2017 et avait permis à une firme de remporter un appel d’offre. Toutefois il n’y a eu aucun suivi pouvant permettre la mobilisation de ressources financières.
Pour M. Doré le gouvernement de transition peut adopter des dispositions visant à lancer des grands chantiers notamment dans la capitale. Il préconise que Port-au-Prince soit décrétée zone d’investissement prioritaire.
Priorités du dernier semestre du CPT.
M. Doré souligne que la sécurité reste la principale préoccupation de l’État et des citoyens. À cet effet il croit urgent que sous le mandat du nouveau coordonnateur du CPT des éléments de l’infrastructure sécuritaire soient opérationnels. Il encourage la Présidence à désigner des directeurs pour l’agence nationale de renseignement et le conseil national de sécurité.
De plus il insiste sur la nécessité d’élaborer un plan national de sécurité et de renforcer les forces armées et la Police nationale.
LLM / radio Métropole Haïti