La situation des droits de l’homme dans le pays est toujours préoccupante , c’est le constat dressé par l’Expert Indépendant des Nations Unies pour les droits humains pour Haiti, Louis Joinet. Dans ce rapport communiqué à Genève, le professeur Joinet qui a récemment visité le pays fait part de l’aggravation du climat de sécurité notamment dans les villes de provinces. L’expert indépendant a expliqué que , lors de sa première visite en septembre 2002, il avait pu circuler sans protection alors que six mois après, ses déplacements étaient doublement « sécurisés » par un véhicule de sécurité du Programme des Nations Unies pour le développement et un détachement de cinq policiers armés, appartenant aux forces spéciales haïtiennes. M. Joinet précise que ces constatations pessimistes sont confirmées par le rapport du 30 mars 2003 de la mission spéciale de l’organisation des États américains chargée du renforcement de la démocratie en Haïti. Il ajoute qu’il a attiré l’attention du Haut Commissaire aux droits de l’homme sur le risque de voir la violence se généraliser en cas d’échec des programmes de désarmement timidement amorcés. L’Expert Indépendant fait également remarquer que les victimes de persécutions se retrouvent dans les rangs des journalistes,des opposants politiques ,des juges et des défenseurs des droits humains. Il signale que les ambassades déclarent recevoir de plus en plus de demandes d’exil et attire l’attention du Haut Commissariat pour les réfugiés sur ce point. Dans sa présentation faite le 17 avril dernier et rapportée par le correspondant de Radio Métropole à Genève , Jean Edouard Rigaud , l’Expert Indépendant – sur le volet de la coopération technique – explique qu’il ne s’agit pas de remettre en cause les activités déjà engagées qu’elles soient multilatérales ou bilatérales, mais de les dynamiser dans les faits en y ajoutant des « acteurs futurs ». En ce sens , il plaide en faveur de la poursuite des “ programmes de formation qui s’adressent aux secteurs de la justice et de la police” en valorisant “ceux qui se prennent en main sur le terrain et passent à l’acte, car ce sont les véritables acteurs du changement”. M. Joinet prend en exemple les tribunaux pilotes, les bureaux d’aide juridique développés par la société civile et l’école de la magistrature. Le représentant d’Haiti Etzer Charles émet des réserves sur certains aspects du rapport tout en reconnaissant les faiblesses des appareils judiciaire et policier. L’ambassadeur Charles avance que le gouvernement a adopté un ensemble de mesures pour se mettre au diapason avec les recommandations de la communauté internationale dans certains dossiers. Etzer Charles cite Le représentant le dossier des réparations consécutives aux événements du 17 décembre 2001 et la tentative de coup d’état ; la mise en application des résolutions de l’Organisation des États américains (OEA) en vue des futures élections législatives ; des instructions pour rechercher le fugitif Amiot Métayer, responsable de divers actes de violence ; la professionnalisation de la police et la nomination d’un nouveau Directeur administratif. D’un autre côté , l’ambassadeur indique que “ l’assistance technique du Haut Commissariat est attendue à travers, entre autres, la création d’un bureau à Port-au.Prince. La définition, l’exécution et l’évaluation de cette assistance doivent se faire dans la transparence, en vue d’une parfaite efficacité” .
Droits humains en Haiti : « situation sur la pente de dégradation », selon un expert de l’ONU
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