La BSAP, une institution armée en crise

 Il s’agit d’une véritable crise dans la crise, l’ultimatum de certains agents de la Brigade de Surveillance des Aires protégées (BSAP) au gouvernement haïtien. Le directeur de l’agence nationale des aires protégées (ANAP), instance de tutelle de la BSAP, le lieutenant colonel Jean François Thomas, reconnaît que leur revendications sont légitimes mais réprouve la méthode utilisée pour faire valoir leur droit à une rémunération et une reconnaissance de leur engagement.

 Il dénonce les menaces et appelle à la retenue jugeant inacceptable un recours à un plan B passant par une action militaire.  

Une pareille mésaventure serait néfaste pour le pays déjà en proie à une guerre fratricide, prévient le lieutenant colonel Thomas laissant entendre que les agents de la BSAP seraient également des perdants de ce chaos.  

À son avis les agents de la BSAP doivent continuer à s’armer de patience et attendre la régularisation de leurs dossiers. C’est justement la lenteur du processus que dénoncent les agents de la BSAP. 

Les agents sont frustrés d’être traités en parents pauvres 

Le colonel Thomas comprend les frustrations des agents pour la plupart en fonction depuis 2017. Il regrette que le processus, résultant de la résolution du conseil des ministres autorisant l’intégration des agents de la BSAP, n’ait pas encore abouti. Ces agents sont impliqués aux côtés des forces de Police dans la défense de plusieurs communes. Ils perdent des camarades dans les combats ce qui explique leur frustration de ne pas recevoir un salaire.

Le week-end écoulé à Lascahobas, les agents de la BSAP étaient en première ligne avec le groupe d’autodéfense Back up ferrailles et les unités spécialisées de la Police dans le dispositif ayant fait échec au gang Taliban. Incapable de prendre la ville le chef du gang s’est résolu à accepter un accord de cessez le feu afin de retirer ses hommes armés.

Sur d’autres sites des membres de la BSAP ont été tués lors des assauts des gangs.

Une bureaucratie lourde

Plus de 6 mois après la décision d’intégrer les agents de la BSAP au sein des forces de défense dans le cadre de la lutte contre les gangs, aucune disposition n’a été annoncée.

Récemment le Conseiller Président, M. Fritz Alphonse Jean, avait déploré la lenteur incompréhensible de ce dossier pourtant prioritaire.

Le directeur de la BSAP atteste que le processus de vetting est en cours et réalisé avec minutie. Il s’agit de certifier les agents ayant un bon casier judiciaire entre autres. Ce processus de certification permettra aux autorités gouvernementales de reprendre le contrôle effectif de cette entité soumise à une influence politique sous la précédente administration.

Après la certification les agents bénéficieront d’un cursus de formation des FADH.

Jusqu’à présent aucune information définitive n’a été communiquée sur l’intégration de ces agents au sein des forces armées.

Le directeur de la BSAP, visiblement préoccupé par la situation, lance un appel au calme à ses hommes.

 La BSAP en charge de la surveillance des aires protégées œuvre aux côtés des forces de l’ordre et des groupes d’autodéfense pour sécuriser les villes face aux assauts des gangs notamment dans l’Ouest, l’Artibonite et le Centre.

LLM / radio Métropole Haiti

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