La centrale de Péligre au centre d’une polémique sécuritaire

Les autorités gouvernementales haïtiennes planchent sur l’épineux dossier de la centrale hydroélectrique de Péligre. La principale infrastructure électrique du pays est actuellement sous le contrôle de plusieurs secteurs de la société civile de Mirebalais (Centre), qui exigent le rétablissement de la sécurité dans leur région. Leur principale revendication concerne le déploiement d’unités spécialisées de la Police nationale et de soldats des Forces armées d’Haïti (FADH), afin de chasser les gangs opérant à Mirebalais et à Saut-d’Eau.

Au septième jour de l’arrêt des activités à la centrale de Péligre, les autorités n’avaient toujours pas entamé de négociations.
Les contestataires présentent leur action comme une révolte contre la passivité des autorités face aux exactions des gangs. Maître Robenson Mazarin refuse de qualifier leur mouvement d’anarchique. À son avis, il s’agit plutôt d’une révolte contre l’anarchie actuelle.
Les contestataires reconnaissent que les conséquences de l’arrêt de la distribution d’électricité peuvent être désastreuses, mais font valoir qu’il y a un prix à payer pour que la population puisse recouvrer sa liberté. Ils envisagent même d’exiger le paiement de frais pour l’énergie produite, afin de s’approvisionner en armes et en munitions pour assurer leur propre sécurité.

Par ailleurs, ils rejettent l’hypothèse d’une destruction des équipements par une inondation, rappelant que la centrale a déjà été fermée à plusieurs reprises pendant des trimestres entiers, sans conséquence majeure.

Les responsables de l’EDH redoutent le pire

L’administrateur de l’Électricité d’État d’Haïti (EDH), M. Joses Davilmar, a alerté sur les risques d’une destruction complète de l’infrastructure si l’eau du fleuve n’est pas turbinée régulièrement. Le niveau de l’eau est déjà à 171,7 mètres, soit à moins d’un mètre du seuil de rétention.
En raison de la poursuite des averses, M. Davilmar estime urgent d’ouvrir les vannes de chasse pour éviter une accumulation excessive d’eau dans le barrage. Il rappelle que l’objectif principal du barrage est la régulation du fleuve.

Les responsables de l’EDH n’ont pas encore engagé de négociations avec les protestataires, arguant que la situation est marquée par une grande confusion. Ils rappellent que l’institution est elle-même victime de la violence des gangs et n’est pas en mesure de répondre aux exigences sécuritaires posées par les manifestants. Toutefois, ils soulignent qu’il revient aux plus hautes autorités de l’État de prendre en compte ces revendications.
M. Davilmar prédit que les conséquences de cet arrêt pourraient être contraires aux objectifs des contestataires, car l’absence d’électricité ne fera qu’accentuer l’insécurité.

Sept villes du Bas-Artibonite sont inondées

La situation est préoccupante depuis plusieurs jours dans le Bas-Artibonite. Sept villes, notamment Petite-Rivière, Saint-Marc, Verrettes, Pont-Sondé et Grande-Saline, sont actuellement inondées.
Le directeur de l’Organisme de Développement de la Vallée de l’Artibonite (ODVA), l’agronome Fritz Jean Henry, considère qu’il s’agit d’une catastrophe comparable à celle provoquée par l’ouragan Jeanne. Il presse les autorités de trouver une solution dans les plus brefs délais.

Dans plusieurs communes, notamment à Grande-Saline, proche du littoral, la berge du fleuve n’est plus visible ; la rivière se confond avec les plantations. Des cultures de riz et de tomates, entre autres, ont été submergées.

LLM / Radio Métropole Haïti

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