
La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) se dit profondément préoccupée de la hausse des incidents maritimes ayant coûté la vie à de nombreux migrants haïtiens, cubains, dominicains et à d’autres ressortissants de pays de l’Amérique latine et des Caraïbes, du début de l’année 2013 au mois de mai 2014. Entre 2013 et 2014, les naufrages de bateaux de migrants dans la mer des Caraïbes ont coûté la vie à environ 94 migrants et 45 autres sont portés disparus, indique la CIDH, soulignant que ces décès et disparitions expriment le niveau de désespoir auxquels sont confrontés tous les jours beaucoup de gens qui sont obligés de migrer en raison de l’insécurité et du manque de jouissance des droits économiques, sociaux et culturels. Ces personnes qui, appartiennent à des groupes en situation de grande vulnérabilité, migrent en dépit des dangers extrêmes que représente la migration irrégulière. Selon les informations recueillies par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), de 2010 à ce jour, on a enregistré 440 incidents maritimes de bateaux transportant des migrants sur la mer des Caraïbes. Ce qui aurait impliqué 15,190 personnes environ ; 240 d’entre elles sont mortes et 176 autres portées disparues. Le plus récent de ces incidents tragiques est survenu le 1er mai dernier quand une embarcation qui transportait 18 migrants haïtiens à destination de Porto Rico a fait naufrage au large de la côte de Boca Chica, en République Dominicaine. Six de ces migrants ont été tués et les 12 autres ont été secourus par l’Armée de la République Dominicaine. La CIDH salue les efforts consentis par l’Armée de la République Dominicaine au cours des opérations de recherche et de sauvetage, ainsi que l’assistance qui a été fournie aux migrants concernés par ce naufrage. « Malheureusement, cette tragédie s’ajoute à d’autres centaines de morts et de disparus enregistrés dans nos frontières et le long des voies de migration, dans les déserts, les régions montagneuses, ainsi que dans les rivières et dans la mer », a déploré le Commissaire Felipe González, Rapporteur des Droits des migrants de la CIDH. Le commissaire González a également déclaré que «le durcissement des politiques migratoires augmentera malheureusement le nombre de morts et de disparus jusqu’à ce que les États adoptent des mesures globales au niveau régional pour aborder les facteurs d’expulsion et d’attraction de la migration, qui garantissent des canaux réguliers et sûrs afin que les gens puissent circuler sans être soumis à diverses formes de discrimination, et la protection internationale des personnes fuyant les différentes formes de persécution et de violence sera garantie.» La CIDH demande à tous les États qui effectuent la recherche de sauvetage et d’interception des migrants en mer, d’établir des mesures appropriées pour identifier les personnes qui peuvent être des réfugiés ou par leur condition de vulnérabilité, lesquelles ont besoin d’une protection spéciale ; les enfants migrants par exemple. La Commission rappelle également aux États que le principe de non-refoulement a un caractère absolu dans le droit international relatif aux droits de l’homme, lequel exige que soit garanti à tout moment et en tous lieux indépendamment de la situation migratoire des gens ou de l’applicabilité ou non d’un autre régime de protection. La Commission exhorte également les États à établir au niveau national et régional des mécanismes qui permettent d’identifier rapidement les premiers immigrants à bord de ces embarcations, y compris l’identification des cadavres de ceux et celles qui sont morts ou portés disparus, d’informer aussi les parents sur leur état. La CIDH est l’un des organes principaux de l’Organisation des États américains (OEA) et agit de manière indépendante. Son mandat est fondé sur la Charte de l’OEA et la Convention américaine relative aux droits de l’homme. La Commission a pour mandat de promouvoir le respect des droits humains dans les Amériques et agit comme organe consultatif auprès de l’OEA en la matière. MJ/Radio Métropole