
Le juriste M. Pierre Antoine Louis soutient que les restrictions sur les visas imposées aux Haïtiens par l’administration américaine à partir du 9 juin 2025 sont la conséquence logique de la faillite de l’État haïtien. l ne doute pas que les autorités américaines soient bien informées de la mauvaise gestion des documents d’identité, un élément primordial dans la délivrance de visas. La décision de l’administration Trump à l’encontre des ressortissants de 12 pays repose, selon lui, sur des considérations de sécurité nationale. Cette proclamation présidentielle est intervenue à la suite d’un attentat contre des juifs, perpétré par un migrant en situation irrégulière d’origine égyptienne. Bien que l’Égypte ne figure pas parmi les pays sanctionnés, le président américain avait alors insisté sur la nécessité d’intensifier les enquêtes.
Le juriste affirme que les pays sanctionnés ne fournissent pas suffisamment d’informations sur leurs ressortissants. Ce défaut de coopération dans le partage d’informations entre États est déterminant. Il s’agit d’un critère commun aux 12 pays visés.
Mauvaise gestion des documents d’identité
M. Louis, ancien diplomate américain et membre du personnel de la représentation à Port-au-Prince, fait valoir que les autorités haïtiennes sont bien conscientes des préoccupations du gouvernement américain. Il révèle que les récentes décisions visant à renforcer les Archives Nationales d’Haïti et la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) ont été adoptées à la demande des autorités américaines.
Les États-Unis sont également informés des nombreuses failles dans la délivrance des documents d’identité. Le juriste déplore l’influence de réseaux de racket devenus incontournables aux Archives nationales pour obtenir des documents, un phénomène qu’il affirme avoir observé à plusieurs reprises. Il estime que le gouvernement doit faire des Archives Nationales une priorité, rappelant qu’elles sont hébergées dans une résidence privée à Delmas 75 depuis le séisme du 12 janvier.
Les Américains s’inquiètent aussi des lacunes dans la production et la livraison des casiers judiciaires, malgré les récents ajustements apportés par la DCPJ.
Les visas demeurent valides
Les restrictions concernent uniquement les nouvelles demandes de visas, précise M. Louis, ancien membre de cette section à l’ambassade américaine à Port-au-Prince. Des vérifications plus rigoureuses seront effectuées pour les demandes émanant d’officiels ou de particuliers. Toutefois, les procédures pour les résidents ne devraient pas être modifiées.
Selon M. Louis, les visas déjà délivrés demeurent valides.
L’État haïtien doit rétablir sa crédibilité
Les sanctions ne sont pas définitives, insiste le juriste, annonçant qu’une évaluation du Secrétaire d’État, M. Marco Rubio, aura lieu dans trois mois. En attendant, M. Louis exhorte les autorités haïtiennes à reprendre enfin le contrôle de l’appareil étatique. Cela passe, selon lui, par la réouverture de l’aéroport Toussaint Louverture et le rétablissement d’un climat sécuritaire.
Il souligne que les restrictions de visas s’inscrivent dans la logique de la désignation des gangs comme organisations terroristes. Ces mesures visent avant tout à protéger le territoire américain contre les menaces terroristes.
Il se dit confiant : si les autorités haïtiennes prennent des mesures concrètes pour rétablir l’autorité de l’État, les restrictions pourraient être levées lors du prochain rapport du secrétaire d’État. Un troisième rapport est d’ailleurs prévu dans 180 jours, afin de revoir la liste des pays sanctionnés.
LLM / Radio Métropole Haïti