La police met brutalement fin à un mouvement de l’Opposition au Cap

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La Police Nationale d’Haiti (PNH) a brutalement dispersé un rassemblement de l’Opposition au Cap-Haitien , le samedi 30 août 2003 , causant plusieurs dizaines de victimes . Les participants au « Week-end de Solidarité » au cours duquel une rencontre entre la Convergence et le Groupe des 184 suivie d’une manifestation était prévue ont vécu une journée d’enfer. La presse , non plus , n’a pas été épargnée. Samedi 30 août, le Cap-haïtien se réveille sous les flammes, la circulation automobile est difficile voire impossible, les membres d’Organisations Populaires (OP) proches du Pouvoir Lavalas sont à l’oeuvre depuis l’aube (4 heures). Jets de tessons de bouteilles et de pierres en direction de tout ce qui bouge. Dans les rues, les cas de pare-brise de véhicules cassés sont légion. A l’aéroport de la deuxième ville du pays, les délégations venues de Port-au-Prince sont restées casernées pendant plusieurs heures. Impossible d’aller au centre ville car la route est jonchée de barricades érigées par les OP. Pendant ce temps, à Carénage, des militants de l’Opposition arrivés de partout peuplent les lieux, le boulevard 90 est surchauffé. Et à mesure que la foule grossit, la police intervient pour une raclée, un arrosage au gaz lacrymogène utilisé à outrance, pourtant tout ceci est très loin de démobiliser des nordistes déterminés à combattre le régime de Jean Bertrand Aristide. Dans un environnement acre, l’on maintient la mobilisation après chaque répit et les slogans anti-Lavalas ne manquent pas. Sur les lieux, les dirigeants politiques de l’Opposition s’amènent progressivement et l’ intensité augmente à chaque fois, le courant passe à merveille ,dirait-on. Il a fallu environ six (6) heures pour voir enfin arriver les organisateurs du « Week-end de Solidarité » à Carénage. Représentants de la Convergence , du Groupe des 184 notamment Andy Apaid et d’autres secteurs de la vie nationale, tout le monde est là, cela tourne en meeting devant une foule attentive à l’écoute de Jean Robert Lalane, le responsable du Front de l’Opposition Nord. Micha Gaillard (Convergence), René Julien (Union Patriotique), chacun a eu le temps d’arranguer à sa façon le monde présent à 90 en appelant à la formation d’un nouveau gouvernement provisoire. Mais au moment de céder le micro à Tuneb Delpé (PNDPH), Jean Robert Lalane qui allait être atteint au visage par une pierre lancée par un policier, prévient et appelle à la résistance. C’est la police qui arrive et ça se gate, du gaz lacrymogène est lancé sans retenue, l’atmosphère devient suffocante, il n’y a pas d’autres moyens que de vider les lieux, l’on court dans toutes les directions, leaders de l’Opposition, journalistes, participants, c’est la tension, on se jette à l’eau, pour la plupart, on se sauve dans les montagnes, tous les moyens sont bons pour sauver sa peau. Malgré tout, des jeunes de Carénage ont choisi de ne pas baisser les bras, ils échangent des jets de pierres avec la police, le spectacle dure quelques bonnes minutes. Mais quand cela devient irrésistible , les policiers n’ont pas oublié que dans leur dispositif il y a aussi du plomb. Les armes grondent et Carénage tremble. Tout ceci dans une zone frappée de stupeur, Carénage prend une allure de couvre-feu pendant quelques minute. Des minutes de terreur qui ont eu le poids d’une éternité. On dénombre plusieurs blessés dont un grave, c’est le neveu du pasteur Milton Chéry, le jeune Verdieu Chéry et 60 blessés légers dans les rangs des manifestants. Pour sa part , la PNH se dit aussi victime, 3 blessés dans les rangs de la Police, selon le directeur départemental du Nord, Chavannes Lucien. Le Cap-Haitien , 30 août , et le « Week-end de Solidarité » est stoppé prématurément avant la grande manifestation anti-gouvernementale annoncée pour le lendemain .

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