
La Chine et la Fédération de Russie se sont abstenues lors du vote du Conseil de sécurité du fait d’une référence élargie au Chapitre VII de la Charte, également contestée par Haïti. Immédiatement après le vote, le représentant de la Fédération de Russie a expliqué son abstention par le fait que, malgré une évolution favorable de la situation en Haïti, certains éléments clefs du texte avaient été renforcés, notamment la possibilité de recourir au Chapitre VII, qui porte sur « l’action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’actes d’agression ». Auparavant, ce recours se limitait aux activités devant garantir la sécurité physique des habitants et des Casques bleus eux-mêmes, a–t-il poursuivi, faisant état de sa « surprise » face à un renforcement « inexpliqué » de la pression ainsi exercé par la Mission. La situation en Haïti constitue-t-elle une menace pour la paix ou est-ce une tentative supplémentaire de certains pays d’utiliser le Conseil pour faire pression sur un État souverain? a demandé le représentant russe, qui a répété que la situation qui prévaut en Haïti ne relève pas du Chapitre VII et déploré que la position de Port-au-Prince ait été ignorée. « Le Chapitre VII, s’il s’applique en Haïti, doit être envisagé uniquement pour des questions de sécurité physique », a-t-il tranché. La position de la Fédération de Russie a été partagée en partie par les délégations de la Bolivie et de la Guinée équatoriale, qui ont néanmoins voté en faveur du projet de résolution. La Guinée équatoriale estime notamment que la résolution aurait dû être adoptée en application du Chapitre VI de la Charte –le règlement pacifique des différends- et la Bolivie a regretté qu’on ait renoncé au libellé employé ces 14 dernières années. Comme la Chine, la Bolivie regrette en outre que la position de certains membres du Conseil n’ait pas été prise en compte. Le représentant russe, qui a par ailleurs déploré que le texte adopté laisse de côté les agissements d’organisations non gouvernementales accréditées auprès de l’ONU susceptibles de constituer des atteintes sexuelles, a également dit savoir qu’il existe « des tensions » entre le Chef de la MINUJUSTH et les autorités haïtiennes. De fait, le représentant d’Haïti, Denis Regis, a jugé « surprenante » la mention du Chapitre VII dans le cadre d’un « mandat d’accompagnement » du Gouvernement de son pays. Insistant notamment sur cette référence au Chapitre VII, il a en outre exprimé ses « réserves » sur les aspects du préambule et des parties du dispositif de la résolution n’ayant pas fait l’objet de consensus au sein du Conseil. Pays porte-plume, les États-Unis ont déploré que certains membres aient « essayé de créer la confusion » s’agissant du libellé du texte. Nous sommes ici pour réaffirmer notre soutien à Haïti et à son gouvernement, a affirmé la représentante, appuyée par ses homologues du Royaume-Uni, de la France et des Pays-Bas. Ces derniers ont, tout comme leurs collègues éthiopien, péruvien et polonais, regretté que le Conseil n’ait pas pu adopter le texte à l’unanimité. Il est regrettable que le Conseil n’ait pas pu conserver sa pratique antérieure, s’agissant des textes relatifs à Haïti, a ainsi déploré le représentant de la Pologne, pour qui cette absence d’unanimité constitue « un message négatif envoyé à un pays qui est en pleine phase de transition ». Le représentant du Pérou a pour sa part souligné que le rôle du Conseil allait au-delà du mandat de la Mission et rappelé l’importance d’une relation dynamique entre les Nations Unies et Haïti. Dans le même sens, le Royaume-Uni a appelé de ses vœux une coopération accrue entre les autorités haïtiennes, la MINUJUSTH et l’équipe de pays de l’ONU, tout en jugeant nécessaire de recourir au Chapitre VII afin de mettre pleinement en œuvre le mandat de la Mission. LLM / radio Métropole Haïti