
En plus des morts et des blessés, les déplacés constituent les principales victimes de la terreur des gangs au cours des quatre dernières années. Le gouvernement haïtien s’évertue à relocaliser les déplacés notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Le programme a été lancé de manière effective par l’Office Nationale de la Migration (ONM), placée sous la tutelle du ministère des affaires sociales. La première phase du programme vise à favoriser la relocalisation de plus de 3 000 familles. Chaque famille recevra une allocation de 99 000 gourdes en vue de trouver un logement.
Le ministre délégué à la Solidarité et à l’appui humanitaire, M. Erwil Gaspard, fait état de plus de 183 000 déplacés se trouvant dans les sites répartis dans les départements de l’Ouest , du Centre et de l’Artibonite. Ces statistiques sont en très deçà des 250 000 évoqués par d’autres officiels. Le gouvernement se préoccupe des déplacés se trouvant dans les sites notamment des écoles et des bâtiments publics. L’objectif est d’une part de relocaliser les déplacés et d’autre part de favoriser la reprise du fonctionnement de ces institutions. Selon des statistiques prenant en compte l’ensemble des déplacés, y compris ceux dans les familles d’accueil, plus d’un million de personnes auraient été chassées de leur résidence.
Le ministre Gaspard réfute la thèse faisant croire que le gouvernement veut à tout prix récupérer les locaux publics. Il précise que le bien être des déplacés est pris en compte. Il évoque notamment d’autres programmes complementaires telle la formation technique pour plus de 10 000 jeunes.
Il s’agit d’offrir des outils techniques à ces personnes afin qu’elles puissent se prendre en charge.
Le Premier Ministre, M. Alix Didier Fils Aimé, préoccupé par ce phénomène, avait mis en place une commission de gestion des déplacés et des déportés. Cette commission oeuvre en étroite collaboration avec le ministère des affaires sociales en charge du dossier par le biais de l’ONM.
Les déplacés exigent le rétablissement d’un climat sécuritaire comme préalable
Le plan de relocalisation actuellement en phase d’exécution est contesté par des milliers de déplacés. Ils dénoncent une politique de l’autruche du gouvernement. Le rétablissement de la sécurité dans les quartiers est la principale priorité, arguent les déplacés de Solino qui ont organisé hier une manifestation de protestation à Lalue. Certains d’entre eux soutiennent que l’exécution de ce programme vise à forcer les déplacés à cohabiter avec les terroristes qui contrôlent les quartiers. Ils souhaitent que des ressources financières substantielles soient investies afin de rétablir la sécurité .
De plus ils jugent insuffisantes l’allocation de 99 000 gourdes à chaque famille. Cette somme ne peut nullement aider à trouver un logement, argumentent des déplacés faisant état de pressions pour que les bénéficiaires quittent rapidement les sites.
Des problèmes persistent pendant l’exécution du programme
Le ministre Garpard a fait valoir que les 99 000 gourdes ont été fixés dans le cadre d’un dialogue permanent entre les autorités et les représentants des sites de déplacés. Il signale que le montant initial de 30 000 gourdes a été revu à la hausse suite aux revendications des déplacés. Le gouvernement a tenu compte de la hausse de l’inflation, dit il se gardant de révéler le nom de l’ONG ayant financé le programme de relocalisation.
S’agissant des conditions déplorables des résidences la ministre de la planification et de la coopération externe, Mme Katline Forestal, également ministre a.i des affaires sociales, a assuré que des études sont en cours en vue de favoriser l’accès à des services sociaux de base et à la présence de l’État .
Le programme de relocalisation cible 21% des déplacés se trouvant dans les sites. Le programme lancé hier cible 53 000 personnes soient environ 10 000 familles se trouvant dans 17 sites d’hébergement de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Les officiels du gouvernement indiquent que les évaluations sont en cours pour les autres sites d’hébergement.
LLM / radio Métropole Haïti