
Le retour hâtif et précipité des déplacés sera vraisemblablement un pari perdu pour les gangs. Deux semaines après l’engouement des premiers instants, l’ardeur des déplacés s’est refroidie. De plus en plus de voix s’élèvent pour mettre en garde contre les risques d’une pareille aventure.
Ces derniers jours les déplacés les plus optimistes sont moins audibles notamment en raison de l’état de ruine de ces quartiers. Des observateurs notent que les dégâts sont comparables à ceux du séisme du 12 janvier 2010. Même les plus enthousiastes ont dû se raviser en raison de l’état calamiteux des quartiers. Pour certains il s’agit d’un véritable désastre. Les criminels ont tout incendié et détruit. Ils ont emporté tout ce qu’ils pouvaient y compris les accessoires des sanitaires.
Dans le même temps les déplacés réticents donnent de la voix redoutant un piège des chefs de gangs. La Mairie de Delmas semble être la seule institution publique à s’être impliquée dans une campagne d’assainissement en vue d’un retour.
De nombreux spécialistes s’interrogent sur les causes de cette violence inouïe des malfrats contre des haïtiens des couches vulnérables . Ils font valoir qu’on ne plus parler de retour dans les maisons mais plutôt de retour dans les quartiers en ruine.
Le CPT est opposé à ce retour prematuré
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) s’oppose à un retour des déplacés dans les conditions actuelles.
Le porte parole de la Présidence, M. Jacques Ambroise, rejette toute idée d’un retour des déplacés à l’initiative des gangs. Rappelant que les déplacés avaient été chassés par ces criminels, M. Ambroise ne comprend pas leur appel. Il juge que les bandits, redoutant les prochaines interventions, cherchent à se prémunir des sentences qui leur sont réservées.
Sans fournir plus de détails il révèle que le gouvernement s’évertue à peaufiner un plan pouvant faciliter le retour des déplacés.
De plus il soutient que l’État doit profiter de cette opportunité de reconstruction pour rendre les services sociaux de base accessibles aux couches vulnérables de la population.
En début de semaine c’est la Police nationale qui avait mis en garde contre ce retour prematuré. Le porte parole, le commissaire Michael Ange Louis Jeune, avait insisté sur la nécessité pour que les déplacés ne se rendent pas complices des terroristes en revenant dans ces quartiers. Il a également promis une intensification des opérations en vue de parvenir à une libération réelle et effective des quartiers.
Les déplacés, en guise de bouclier humain
De nombreux dirigeants politiques et des leaders de la société civile mettent en garde contre ce retour prématuré. Ils disent comprendre l’impossibilité de vivre dans les sites d’hébergement et appellent les autorités à encadrer le retour dans les quartiers.
L’ex colonel Himmler Rébu estime que l’offre des bandits est le résultat d’une nouvelle donne. À son avis les bandits veulent utiliser les habitants comme boucliers humains en vue de compliquer la tâche des forces de l’ordre en ce qui a trait aux opérations et aux frappes de drones kamikazes. De l’avis de M. Rébu en chassant les habitants des quartiers les bandits ont torpillé leur plan de protection contre les offensives de forces de l’ordre.
LLM / radio Métropole Haïti