
Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a exhorté mardi le Conseil de sécurité des Nations unies à agir « sans délai » face à la violence des gangs qui ravage le pays, plaidant pour une transformation de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en une force offensive capable de « neutraliser » les groupes armés.
« Sans sécurité, il n’y aura ni élections crédibles, ni développement économique, ni réconciliation sociale », a déclaré le chef du gouvernement, dans une allocution devant le Conseil de sécurité.
Soulignant que la crise haïtienne est devenue « une tragédie humaine, sociale et sécuritaire qui menace de déstabiliser toute la région caribéenne », M. Fils-Aimé a décrit la population comme « courageuse et résiliente », mais « otage d’une spirale de violence sans précédent ».
Les gangs, « des réseaux organisés, lourdement armés et financés par le crime organisé », contrôlent de vastes zones du territoire et disposent de ressources « sans commune mesure » avec celles de la police et des forces armées, a-t-il rappelé.
Créée en 2023, la MMAS avait suscité « un immense espoir », selon lui, mais se heurte à des obstacles majeurs, notamment financiers. Pour le Premier ministre, l’heure est venue de « renforcer son mandat » afin qu’elle devienne une « force de répression directe et déterminée contre les gangs ».
« Il ne s’agit pas de substituer la communauté internationale à l’État haïtien », a insisté M. Fils-Aimé. « Il s’agit de donner à Haïti, dans un cadre défini par ce Conseil, les moyens d’une stabilisation indispensable. »
Appelant à une adoption rapide du projet de résolution actuellement en discussion, il a averti : « Chaque jour d’attente alourdit le bilan humain et permet aux gangs de consolider leur pouvoir. »
Le Premier ministre a également mis en garde contre les risques régionaux et internationaux liés aux flux d’armes, de drogues et d’argent illicite qui alimentent les groupes criminels. « Laisser prospérer ces réseaux en Haïti, c’est accepter un risque accru pour toute la Caraïbe, et même au-delà », a-t-il averti.
« Le peuple haïtien aspire simplement à vivre dans la paix, à envoyer ses enfants à l’école sans crainte, et à retrouver la dignité de son histoire », a conclu M. Fils-Aimé, en appelant à des « actes concrets de solidarité » de la part de la communauté internationale.