
Le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Albert Ramdin, a suggéré, dans une interview récente, la possibilité d’initier un dialogue avec les groupes criminels contrôlant environ 90% de Port-au-Prince, dans le but de stabiliser Haïti, confrontée à une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent.
Dans une déclaration rapportée par le média LatAmAdvisor, M. Ramdin a reconnu la nature controversée de cette approche, mais a insisté sur son intégration dans une stratégie plus large visant à restaurer la sécurité et l’ordre constitutionnel. « Il faut ramener les gangs à la normale », a-t-il affirmé, n’excluant pas des discussions directes ou par l’intermédiaire de représentants.
Le diplomate surinamien, en poste depuis le 26 mai 2025, a rencontré lundi le conseiller-président du Conseil présidentiel de transition haïtien (CPT), Laurent Saint-Cyr, en marge de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice. Les discussions ont porté sur la crise haïtienne et l’engagement du CPT à rétablir l’ordre constitutionnel avec le soutien de l’OEA.
M. Ramdin a souligné la nécessité d’une coordination renforcée avec les partenaires régionaux, notamment la CARICOM, et les Nations Unies, à travers la relance du Groupe des amis d’Haïti. Cette plateforme vise à mieux organiser l’aide internationale pour répondre aux défis sécuritaires et soutenir les réformes de gouvernance. Il a également exprimé son inquiétude face à l’échéance du mandat du CPT, prévue pour février 2026, appelant à des actions urgentes pour éviter un vide institutionnel.
Cependant, cette proposition de dialogue avec les gangs a suscité des réactions mitigées. Leslie Voltaire, membre du CPT, a fermement rejeté l’idée de négocier avec « des terroristes », rappelant les pertes quotidiennes subies par les forces de l’ordre haïtiennes.
Haïti traverse une crise profonde, marquée par l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021 et l’emprise croissante des gangs armés. La Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), autorisée par l’ONU et dirigée par le Kenya, a déployé ses premiers contingents en juin et juillet 2024 pour soutenir la Police nationale haïtienne (PNH), mais les violences persistent.
M. Ramdin, fort de son expérience en tant que secrétaire général adjoint de l’OEA (2005-2015) et président du groupe de travail sur Haïti, a réaffirmé l’engagement de l’OEA à mobiliser un soutien régional pour une solution durable à la crise.
Marvens Pierre