Louis Joinet suggère de tenir l’audience du massacre de « La Scirie » ailleurs

L’expert indépendant de l’ONU pour les Droits de l’homme, Louis Joinet, a clôturé sa septième mission en Haïti, le jeudi 7 avril 2005. Ce séjour de plusieurs semaines a été surtout consacré au dossier du massacre de « La Scierie ». M. Joinet sera interrogé, ce vendredi 8 avril 2005, par les membres du Conseil de sécurité de l’ONU avant leur visite en Haïti du 13 au 16 avril. Pour sa septième mission dans le pays, Louis Joinet se voulait discret.L’expert indépendant était là pour actualiser son rapport sur Haïti qu’il devra présenter par devant la commission des droits de l’homme de l’ONU le 15 avril 2005. Le magistrat français a effectué des visites à l’hôpital général de Port-au-Prince , à la prison centrale, à l’institut médico légal et à Saint Marc où Louis Joinet était allé à la rencontre des victimes. Des victimes que le magistrat dit avoir trouvé dans la misère. M. Joinet ne voulait pas se limiter à la lecture des rapports produits sur le dossier. A Saint-Marc, dans le quartier de « La Scierie », le rapporteur de l’ONU s’y est rendu pour savoir comment qualifier les évènements survenus le 11 février 2004. Ceux qui parlent de crime contre l’humanité exagèrent, quelque soit la gravité des faits, indique Louis Joinet qui privilégie la thèse de l’affrontement entre les partisans d’Aristide de « Bale Wouze » et les opposants du Ramicosm. Cette version est également celle retenue par les membres du régime déchu. Toutefois, les militants des droits humains rapportent que, le 11 février 2004, des policiers et des activistes armés de « Bale Wouze » appuyés par un hélicoptère de la Présidence ont donné l’assaut contre le quartier « La Scierie », base de l’opposition à Aristide. Les victimes, ce 11 février 2004, n’ont été enregistrées que dans les rangs des habitants de « La Scierie », rapportent les militants des droits de l’homme. « Nous ne sommes pas au Rwanda, j’ai fait le Rwanda », martèle le magistrat lors d’une conférence de presse à Port-au-Prince, le jeudi 7 avril 2005. L’appellation de massacre doit aussi être abandonnée, selon Louis Joinet. L’expert indépendant des Nations Unies a quitté Saint- Marc en possession d’une liste de 25 personnes tuées à la scierie. M. Joinet met également en question la sécurité et la sérénité dans la ville et suggère que l’audience se tienne ailleurs. « Je ne suis pas l’avocat de Yvon Neptune ( ex-premier ministre lavalas inculpé), je n’étais pas venu le défendre », a précisé l’expert indépendant avant de prendre l’avion pour New York. Louis Joinet dénonce quand même une certaine tendance à poursuivre des dirigeants de l’Etat sans déterminer leurs responsabilités pénales. A Boniface Alexandre, président provisoire, le magistrat révèle avoir dit :« Monsieur le Président, la roue de l’histoire tourne, demain elle peut bien s’arrêter sur vous ». L’avocat des victimes du massacre de « La Scierie » , Samuel Madistin, dénonce les propos tenus par M. Joinet en rappelant que la Cour de Cassation a rejeté la demande de récusation en masse produite par M. Neptune et décidé que le procès devait avoir lieu à Saint-Marc. Maître Madistin met en doute le problème de sécurité posé par le magistrat en rappelant que l’un des témoins clé, Roland Dauphin dit Black Ronald ( aujourd’hui en cavale depuis l’évasion massive du 19 février) avait été entendu pendant trois heures à Saint-Marc en toute sécurité et sérénité. Ce vendredi 8 avril 2005, un autre témoin clé, l’ex-député contesté lavalas Amanus Mayette a été entendu par le cabinet d’instruction de Saint-Marc.

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