L’UNESCO inscrit le konpa au patrimoine culturel immatériel de l’humanité

Le konpa, cette musique et danse sensuelle qui fait vibrer les cœurs haïtiens depuis près de 70 ans, a été inscrit mercredi sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. La décision, adoptée à l’unanimité lors de la 20e session du Comité intergouvernemental à Asunción (Paraguay), consacre un symbole national né en 1955 des mains du saxophoniste Nemours Jean-Baptiste, fondateur de l’orchestre Ensemble Aux Callebasses. Inspiré du merengue dominicain et enrichi de percussions haïtiennes comme le tanbou, ce rythme syncopé unit générations et diasporas dans une célébration collective de la joie.

Du Port-au-Prince effervescent aux villages isolés d’Haïti, en passant par la diaspora foisonnante aux États-Unis, au Canada et en Europe, le konpa, ou compas direct, rythme mariages, fêtes et moments de résilience avec ses guitares twoubadou, ses cuivres envoûtants et son battement binaire du tambour et du gong. « C’est la mémoire collective de la nation », s’enthousiasme Emmelie Prophete, ex-ministre haïtienne de la Culture impliquée dans le dossier de candidature déposé en mars 2024. Ce troisième trésor immatériel pour Haïti, après la soupe joumou (2021) et la cassave (2023), arrive à point nommé, juste après la proclamation du « Haitian Konpa Day » le 26 juillet à New York.

Malgré la tourmente sécuritaire qui secoue l’île, cette reconnaissance internationale déclenche une vague de joie : danses spontanées dans les rues, hommages de musiciens comme Richard Cavé et messages de fierté de Ricarson Dorcé, coordinateur du dossier. Nommée ambassadrice et déléguée permanente d’Haïti auprès de l’UNESCO en novembre 2020, Dominique Dupuy, aujourd’hui ex-ministre des Affaires étrangères, a initié et conduit personnellement les dossiers de candidature pour la soupe joumou, la cassave et le konpa, marquant ainsi trois victoires successives pour le patrimoine haïtien. « Si la soupe joumou rappelait notre rôle pionnier dans la lutte pour la liberté ; si la cassave marquait notre place dans l’histoire millénaire du bassin caribéen ; le konpa, à son tour, réaffirme notre attachement à l’amour, à la joie, à la liberté : un rythme qui se lève avec le jour, avec tout son courage, malgré toutes les adversités, et qui donne à demain le parfum de l’espoir face à tous les défis », a déclaré l’ancienne diplomate, évoquant ses souvenirs d’enfance bercés par le konpa de ses parents musicien et danseuse. Une victoire qui unit Haïti au monde entier.

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