L’opposition entre le gang Gran Grif de Savien et le groupe d’autodéfense de Jean Denis atteint son paroxysme. Les affrontements ont repris ce mercredi 28 mai 2025, à la suite d’une nouvelle offensive lancée par les bandits de Savien, qui ont attaqué la communauté sur plusieurs fronts. Dès l’aube, plusieurs maisons ont été incendiées à Beaux Forts.
Cinq jours après une première attaque, le gang de Savien revient à la charge contre les habitants vivant sous le contrôle de Jean Denis, une communauté de plusieurs milliers de personnes réparties dans 52 localités. Les bandits affirment que cette expédition punitive vise à venger les citoyens tués au début du mois dans la localité de Préval.
Des organisations de la société civile ont révélé qu’un véritable massacre s’y était produit. Le nombre de victimes reste inconnu, les corps n’ayant pas pu être récupérés dans les champs. D’autres cadavres auraient été jetés dans le fleuve Artibonite ou brûlés. La coalition d’autodéfense de Jean Denis avait accusé les habitants de Préval de collusion avec le gang de Savien.
Dans tout le Bas-Artibonite, les habitants se retrouvent pris entre l’enclume et le marteau. Contraints de coopérer ou de pactiser avec le groupe hégémonique, ils subissent des représailles lors des assauts. De nombreuses sections rurales de Petite Rivière sont aujourd’hui désertées en raison des attaques répétées. Les habitants fuient en nombre vers Saint-Marc.
Avec la crue du fleuve, le nombre de déplacés vers cette ville a considérablement augmenté.
Le groupe de Jean Denis, longtemps perçu comme un symbole de résistance, est désormais en déclin. Aucune présence policière n’est signalée dans les 52 localités de Jean Denis. Depuis plusieurs années, les forces de l’ordre ont laissé le contrôle de cette région au groupe d’autodéfense local. Toutefois, les exactions de ce groupe contre les habitants de Préval ont entraîné une perte de confiance au sein de la population.
Dirigé par Ti Mépris, autrefois considéré comme un véritable Robin des Bois, le groupe est aujourd’hui soupçonné de tirer profit de la situation, notamment en instaurant un poste de péage dans sa zone d’influence.
Le groupe de Jean Denis, ainsi que d’autres citoyens, avait pourtant collaboré avec les forces de l’ordre lors de leur offensive contre les bandits de Savien à Petite Rivière.
Les forces de l’ordre se gardent d’intervenir
Aucune intervention policière n’a été rapportée lors des précédentes exactions, qu’elles aient été commises par le groupe de Jean Denis à Préval ou par Gran Grif à Jean Denis. Les unités spécialisées de la police se contentent de sécuriser le centre-ville de Petite Rivière et le Carrefour Paye, empêchant le retour des bandits de Gran Grif sur la route nationale.
Cinq jours après le début des affrontements violents, les forces de l’ordre refusent toujours de s’ériger en force d’interposition. Lors de la première offensive, les bandits de Savien avaient subi de lourdes pertes. Selon des témoignages locaux, de nombreux criminels venus de la capitale ont été tués, en grande partie en raison de leur méconnaissance du terrain.
LLM / Radio Métropole Haïti
