Le Premier ministre haïtien, Gérard Latortue, a souhaité que Paris et Port-au-Prince renouent leur coopération « sur de nouvelles bases » et a invité Jacques Chirac à se rendre cette année à Haïti. « Nous avons parlé d’un nouveau départ que nous souhaitons à Haïti avec la France, après les problèmes des dernières années, où les relations étaient affectées négativement par tous les efforts de l’ancien régime pour demander une restitution de la dette de l’indépendance », a-t-il dit à l’issue d’un entretien à l’Elysée avec le président français. « Aujourd’hui nous savons bien que, légalement, il n’y avait aucune base à cette demande. Nous voulons simplement renouveler la coopération sur de nouvelles bases, et nous souhaiterions que la France nous apporte son concours. Elle nous l’apporte déjà », a-t-il ajouté. Jean-Bertrand Aristide, poussé à l’exil le 29 février à la suite d’une rébellion armée et sous la pression des Etats-Unis et de la France, exigeait le remboursement de 90 millions de francs or (environ 22 milliards de dollars) que Haïti avait dû verser à la France au XIXe siècle, à titre d’indemnités, après l’expulsion des Français et la proclamation de l’indépendance. Gérard Latortue a indiqué que Jacques Chirac lui avait promis l’appui de la France pour l’aide bilatérale et au sein des institutions financières internationales. Une conférence internationale de bailleurs de fonds est prévue fin juin-début juillet. BARNIER SAMEDI A PORT-AU-PRINCE Le chef du gouvernement a invité Jacques Chirac à se rendre cette année à Port-au-Prince pour marquer ce « renouveau » des relations franco-haïtiennes. « Après 200 ans d’indépendance, jamais un chef d’Etat français n’est venu à Haïti. C’est le seul cas de tout l’ancien Empire colonial », a-t-il souligné. « J’ai pensé que 2004, bicentenaire de l’indépendance, c’était une année fantastique et que ça aurait une portée historique considérable. Je souhaiterais bien que d’ici la fin de l’année, on puisse l’accueillir (Jacques Chirac) à Port-au-Prince », a-t-il ajouté. L’Elysée a confirmé que les autorités françaises étaient disposées à « se mobiliser activement » en faveur de Haïti. « La situation évolue favorablement, tant du point de vue de la mise en place d’un échéancier électoral que de la préparation d’un programme d’action du gouvernement à présenter à la conférence internationale des bailleurs de fonds », a-t-on indiqué. Le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, est attendu samedi à Port-au-Prince pour discuter de la relance de la coopération bilatérale. Il a assisté jeudi à l’entretien entre Jacques Chirac et Gérard Latortue. Le gouvernement de Gérard Latortue a prêté serment le 18 mars. Le processus de transition politique doit s’achever fin 2005 par l’élection d’un président. Une force multinationale de 3.700 hommes, dont 900 Français, placée sous commandement américain, est déployée dans le pays depuis le départ de Jean-Bertrand Aristide. Une force de stabilisation de l’Onu comptant jusqu’à 6.700 casques bleus et 1.622 policiers doit lui succéder le 1er juin pour un mandat de six mois. Jeudi 13 mai 2004, PARIS (Reuters).
Paris et Port-au-Prince renouent « sur de nouvelles bases »
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