
Le docteur en économie, M. Thomas Lalime prédit une huitième année de croissance négative pour le pays. Tenant compte des prévisions de taux de croissance de 0.3% du gouvernement, dans le budget 2025-2026, M. Lalime fait remarquer que les scénarios optimistes de la direction générale du budget ne sont concrétisées.
Il considère qu’en réalité il y a toujours un écart important entre les prévisions et la réalité. À cet effet il s’attend à ce que le taux de croissance suive la même tendance des 7 années précédentes.
Depuis 2017 le taux de croissance est négatif, rappelle t-il expliquant qu’il s’agit concrètement de moins de richesses créées par rapport à l’année écoulée. Pendant ce temps les besoins, en hausse avec la croissance démographique, pourraient s’aggraver avec la déportation de plusieurs milliers de migrants par divers pays.
C’est la première fois que l’économie haïtienne est confrontée à une si longue période de croissance négative. La précédente était la conséquence du coup d’État et de l’embargo de 1990. Ce n’est qu’en 2008 que le pays avait pu revenir au taux de croissance d’avant le coup d’État.
En ce qui a trait à la situation actuelle, le docteur Lalime prévient qu’il faudra dix ans de croissance positive pour revenir au niveau de 2017.
Les pertes provoquées par les gangs sont énormes
De l’avis de M. Lalime les destructions causées par les gangs sur l’ensemble du territoire sont pires que celles du séisme du 12 janvier 2010. La cruauté est d’autant plus gratuite que les criminels ont pillé et incendié les résidences et les infrastructures se trouvant dans leur environnement immédiat. C’est du jamais vu, dit-il s’interrogeant sur un agenda caché, exécuté par les terroristes.
L’économiste préconise la mise en place de programmes spécifiques pour recapitaliser les familles et les entreprises.
La mobilisation de ressources pour la recapitalisation des familles et entreprises doit s’inscrire dans le cadre d’un effort pour sortir du cycle infernal de la croissance négative.
Le docteur Lalime note que les divers programmes d’assistance réalisés par le gouvernement successifs n’ont pas réellement permis de créer la richesse. À son avis la corruption peut être l’un des facteurs de l’échec. Des fonds sont détournés et ne sont pas réellement acheminés aux membres de couches défavorisés.
Une enveloppe budgétaire en hausse
Le budget de 345 milliards de gourdes est en hausse de 6.8% par rapport au précédent. Au cours de l’exercice fiscal précédent les autorités gouvernementales avaient dû adopter deux autres budgets rectificatifs. Il s’agisstauxde prendre en compte de nouveaux paramètres pendant l’exécution du budget.
En outre les autorités fiscales anticipent une inflation à 23.4%. Actuellement l’inflation est supérieure à 30%. La pression fiscale sera en baisse, soit 4.3% et le gouvernement n’envisage pas de financement monétaire. Plusieurs économistes voient cet aspect comme positif parce qu’il est étroitement lié à d’autres paramètres tel une dépréciation du taux de change de la gourde par rapport au dollar américain.
Les grandes priorités du budget n’ont guère évolué par rapport au budget 2024-2025.
Le rétablissement de la sécurité publique et nationale est considéré comme un facteur de production par les autorités fiscales. En outre l’organisation des élections et le rétablissement de la légitimité démocratique, le relèvement économique, la restauration de l’État de droit et la sécurité alimentaire figurent parmi les principales priorités du budget.
LLM / radio Métropole Haiti