La question haitienne continue de diviser l’OEA . César Gaviria fait le mea culpa de l’organisation régionale…

L’ Organisation des Etats Américains (OEA) éprouve des difficultés à se prononcer sur la situation en Haïti en dépit du support de certains pays à une initiative de la CARICOM visant à déclarer la démission suivie du départ de l’ancien président Aristide ,le 29 février, « atteinte à l’ordre constitutionnel » . A l’occasion de l’Assemblée Générale qui s’achève, ce mardi 8 juin 2004, à Quito en Equateur, le secrétaire général sortant, César Gaviria , a avoué que la crise haïtienne avait dépassé les compétences de l’organisation hémisphérique. Un aveu révélateur d’échec puisqu’il s’accompagne d’expression de regret ou encore d’insatisfaction après plus d’une vingtaine de missions en Haïti. Le secrétaire général sortant de l’OEA, César Gaviria, l’a publiquement admis en se fendant d’une claire autocritique devant l’Assemblée générale pour qualifier le cas haïtien de trop difficile pour l’organisation régionale. Cette remarque avait déjà fait écho dans les milieux politiques haïtiens au temps fort de l’ancien régime lavalas en raison des navettes sous la houlette du secrétaire général adjoint, Luigi Enaudi. César Gaviria souligne que, « depuis le retour du Président Aristide en 1994, il n’y a jamais eu une vraie coexistence démocratique et la légitimité des gouvernements qui se sont succédés n’a jamais été pleinement acceptée ». De même que « la lutte contre le retard et la misère n’a pas non plus atteint le rythme que souhaitait la communauté internationale », a-t-il fait remarquer. M. Gaviria a aussi mis sur le compte de plusieurs épisodes de violence les préjudices portés au processus de constitution d’un conseil électoral qui serait suffisamment représentatif des secteurs clé du pays à partir d’une formule trouvée par l’OEA,c’était en juillet 2001. Le secrétaire général sortant fait état de grands efforts déployés avec Luigi Enaudi « pour trouver un règlement à la grave crise découlant de la fraude qui a accompagné les élections parlementaires de mai 2000 ». L’ancien président de la Colombie a aussi affirmé que la vague de violence qui a déferlé sur Haïti a également entravé la mise en application d’un plan de la Caricom tel que conçu, retenant que « sauf quelques éléments des formules qui y étaient contenues furent utilisés pour former le gouvernement de transition ». Et face à la controverse suscitée par les évènements de février, Gaviria précise que l’OEA a mené une « action en coordination avec l’ONU » et s’est employée à « veiller à la réalisation de (sa) mission fondamentale qui est d’appuyer le peuple haïtien ». César Gaviria vient de réaliser deux (2) mandats de 5 ans à la tête de l’OEA . Son successeur, l’ex-président de droite du Costa Rica, Miguel Angel Rodriguez, 64 ans, hérite d’une pomme de discorde entre, d’une part, la Caricom qui regroupe 15 pays sur 34 pays et, d’autre part, les Etats-Unis, la France, le Canada sur la question d’Haïti. La communauté Caraïbe continuant d’ignorer l’actuel gouvernement haïtien même si le Premier ministre, Gérard Latortue, la semaine écoulée, a prédit la normalisation prochaine des relations entre la Caricom et Haïti. En dépit des pressions de Washington auprès de la Caricom pour soutenir l’équipe de Latortue, une partie du conseil permanent de l’OEA sous l’impulsion de l’organisation caraïbéenne, a approuvé un projet de résolution pour faire appliquer à Haïti l’article 20 de la Charte démocratique interaméricaine. Lequel article prévoit un audit international du processus démocratique du pays concerne en cas d’atteinte à l’ordre constitutionnel. La Caricom a déjà réclamé une enquête sur les circonstances entourant le départ de Jean Bertrand du pouvoir mais la demande de cette inconditionnelle alliée de Lavalas butte sur le refus systématique de Washington. Le professeur Jean Robert Simonise estime que les chances de la CARICOM sont minces pour faire adopter une résolution contre Haiti au sein de l’OEA. L’analyste politique et ancien ministre des affaires étrangères qui était l’invité du Journal du Matin de Radio Métropole du lundi 7 juin note que des pays importants comme les Etats Unis , le Brésil , le Canada sont impliqués directement dans le processus visant à renforcer la démocratie en Haiti. Le professeur Jean Robert Simonise en a profité pour dénoncer les pays de la CARICOM qui appuient sans réserve Jean Bertrand Aristide sans se soucier des cas violations graves des droits de l’homme enregistrés sous le régime déchu.

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