L’Organisation des Etats Américains (OEA) s’est donné un nouveau secrétaire général, le Costaricain Miguel Angel Rodriguez, lundi à Quito, avant de chercher un compromis sur la question d’Haïti, dans un climat de soulagement après l’annonce d’un référendum au Venezuela. Réuni de dimanche à mardi, le 34e sommet de l’OEA accueille les chefs de la diplomatie des 34 pays membres alors que les Indiens d’Equateur, décidés à mettre à profit l’événement pour manifester contre le président Lucio Gutierrez, accusé par eux de « néolibéralisme », n’ont que faiblement mobilisé. Les seuls incidents, sans victimes ni dégâts, ont été provoqués à Quito par l’explosion de trois bombes artisanales, l’une d’elles près de l’hôtel où se réunit l’OEA. Les engins étaient bourrés de tracts subversifs, signés par un Groupe de combattants populaires (GCP), mouvement d’extrême gauche peu implanté. Deux de ses militants présumés ont été arrêtés. L’ex-président (droite) du Costa Rica, Miguel Angel Rodriguez, 64 ans, succède à la tête de l’OEA au Colombien César Gaviria, qui vient d’achever deux mandats de dix années au total. Il a été élu par acclamation. Au sein de l’OEA, la question d’Haïti reste la principale pomme de discorde entre les pays des Caraïbes d’une part, les Etats-Unis et le nouveau pouvoir haïtien d’autre part. La Caricom (Communauté des Caraïbes), qui compte 15 membres de droit, n’a pas reconnu l’actuel gouvernement de Gérard Latortue et a réclamé une enquête, refusée par Washington, sur les circonstances du départ de l’ex-président Jean Bertrand Aristide, voulu par Washington et Paris. Sous l’impulsion de la Caricom, une partie du Conseil permanent de l’OEA a récemment approuvé un projet de résolution pour faire appliquer à Haïti l’article 20 de la Charte démocratique interaméricaine. Cet article, jamais appliqué jusqu’ici, prévoit un audit international du processus démocratique du pays concerné en cas « d’atteinte à l’ordre constitutionnel ». Une proposition du Canada, qui invoquerait l’esprit de cet article, sans citer les paragraphes conflictuels, pourrait permettre d’aboutir à un consensus entre tous les Etats. Depuis le départ de M. Aristide du pouvoir le 29 février, l’OEA, qui appuyait son gouvernement, a gardé le silence, et César Gaviria s’est fendu d’une autocritique devant l’assemblée, en qualifiant le cas haïtien de « trop difficile pour l’OEA ». « Au terme de toutes ces années, nous éprouvons un fort sentiment d’insatisfaction », a-t-il confié. Au Venezuela, l’acceptation d’un référendum, sur la poursuite ou non de son mandat, par le président Hugo Chavez, a été saluée par le secrétaire d’Etat américain Colin Powell. Il a « rendu hommage au gouvernement et à l’opposition », et « espère que le référendum révocatoire d’août sera réalisé dans le même esprit de transparence, d’ouverture et de justice que le processus » de recomptage des voix ayant abouti à la convocation des électeurs. QUITO (AFP) 7 juin 2004.
L’OEA se donne un nouveau chef et se préoccupe d’Haïti
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