La présence de Jean Bertrand Arsitide à la Jamaïque donne matière à débat dans ce pays. Bon nombre de jamaïcains déclarent craindre des représailles américaines. Partout où passe l’ex-président haïtien, c’est la polémique. La présence de Jean Bertrand Aristide à la Jamaïque suscite de vives réactions au point que les habitants de Kingston craignent d’irriter les Etats-Unis ou d’attiser la violence dans l’île voisine. Selon une enquête d’opinion réalisée par la Radio Jamaica sur 9.000 auditeurs, 57 pourcent ne supportent pas son séjour, alors que 43 pourcent l’accueillent favorablement. Pour un agent de sécurité de 41 ans, Patricia Williams, ce n’est pas une bonne idée. « Est-ce qu’on veut que les Etats-Unis nous tournent le dossier ? », s’est-elle interrogée. « Nous dépendons des Etats-Unis pour presque tout », reconnaît Patricia en faisant allusion aux revenus du tourisme et de l’exploitation de la beauxite. Un éditorialiste Mark Wignall du quotidien « Daily Observer » ne voit pas de problème au séjour de l’ancien prêtre catholique à son pays. Au contraire, il estime que le premier ministre jamaïcain et également président de la Communité Caraïbéenne (CARICOM) a fait un très beau geste en acceptant la visite d’un frère politique dans la région. « On peut bien dire ce qu’on veut, M. Aristide a été élu », a-t-il déclaré. Comme pour tenter de calmer les esprits des habitants de la Jamaïque, l’ancien chef du Palais National se devait d’intervenir sur la question. Jean Bertrand Aristide donne la garantie que son séjour à la Jamaïque ne mettra pas en jeu les intérêts de Kingston dans un communiqué diffusé par son porte-parole ,Huntley Medley, qui a jugé nécessaire de présenter des remerciements aux jamaïcains pour l’hospitalité accordée au président déchu. Jean Bertrand Aristide a promis au premier ministre Percival Patterson de s’abstenir de toute activité politique durant son séjour à la Jamaïque mal perçu par les Etats-Unis. Mais beaucoup de jamaïcains ne se déclarent pas dupes. Un chauffeur de taxi de 50 ans, Moris Christopher, interviewé par l’AFP, estime qu’Aristide est venu faire de la politique pour renverser les nouvelles autorités haïtiennes. Le quinquagénaire soutient qu’Aristide ne doit pas rester aux Caraïbes. Cette visite a déclenché une vague de protestation de la classe politique haïtienne. Aussi faut-il le rappeler, le nouveau premier ministre haïtien Gérard Latortue l’a qualifié de geste inamical.
Jean Bertrand Aristide, l’homme de la discorde
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