Le président haïtien Jean Bertrand Aristide et l’opposition politique devaient prendre connaissance vendredi d’un plan de paix de la communauté internationale qui prévoit un changement de gouvernement et exclut les insurgés armés réclamant la démission du chef de l’Etat. Selon un diplomate, ces insurgés ne sont pas prévus dans le règlement de la crise. Ils contrôlent plusieurs localités d’Haïti et réclament la démission du président. Aux Gonaïves (nord-ouest), dirigés par un ex-commissaire et militaire, Guy Philippe, ils comprennent 300 hommes bien armés et en uniformes qui ont menacé de s’en prendre prochainement à Cap-Haïtien et Port-au-Prince. Depuis le début de l’insurrection armée début février, 58 personnes sont décédées dans des violences. Le plan international prévoit la nomination d’un Premier ministre neutre et indépendant jouissant de la confiance de la population, et d’un nouveau gouvernement, selon des diplomates. Le chef du gouvernement aurait le contrôle des 5.000 policiers haïtiens dont la formation et l’entrainement seraient supervisés par l’ONU ou l’Organisation des Etats Américains (OEA). Toujours selon le projet, Jean Bertrand Aristide resterait chef de l’Etat jusqu’à la fin de son mandat, en février 2006, sous condition qu’il accepte les réformes suggérées. Le plan ne prévoit pas un départ anticipé du président, a confirmé vendredi le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan. La communauté internationale devra aussi convaincre l’opposition. Depuis le début de l’année, celle-ci a considérablement durci sa position, rejetant tout compromis et jugeant que seul un départ du président peut régler la crise. Selon des diplomates, le plan prévoit aussi la création d’un groupe de trois personnes – un représentant d’Aristide, un de l’opposition et un représentant la communauté internationale – qui serait chargé de désigner un conseil de 9 à 15 personnes censés traduire la diversité de la société haïtienne. Ce conseil participerait à la désignation d’un nouveau Premier ministre et gouvernement. « La situation n’est pas bonne actuellement » et « l’implosion » du pays « est une réelle menace si » le président et l’opposition « n’adhèrent pas » au plan international, souligne un diplomate. « Il n’y a pas de plan B », ajoute-t-il. Une délégation ministérielle comprenant le secrétaire d’Etat adjoint américain chargé de l’Amérique latine, Roger Noriega, et des représentants du Canada, de la France et de la Communauté des pays des Caraïbes (Caricom), est attendue en Haïti samedi pour faire pression sur le président et l’opposition pour obtenir leur adhésion. Le plan prévoit aussi la libération de prisonniers politiques, la réforme de la police et le désarmement des militants du parti au pouvoir Famille Lavalas. Le Canada sera représenté dans la délégation par son ministre de la Francophonie, Denis Coderre, la France le sera par son ambassadeur à Port-au-Prince, Thierry Burkard. La situation était calme vendredi matin en Haïti où la population a commencé la célébration dans tout le pays du carnaval, une fête annuelle très importante pour les Haïtiens, qui dure jusqu’à mardi inclus. Elle se traduit par des jours fériés, et dans les villes et villages par des défilés colorés et très animés. A Paris, les organisations humanitaires Médecins du Monde (MDM) et Caritas ont fait part de leur inquiétude. « Les heurts entre partisans et opposants du président Aristide font des centaines de blessés parmi les combattants mais aussi au sein de la population civile », selon MDM, qui dénonce aussi de multiples exactions: arrestations, violences, viols et meurtres. A Genève, le Bureau des Affaires humanitaires de l’ONU à Genève (OCHA) a annoncé que le Programme alimentaire mondial (PAM) avait affrété un bateau devant quitter samedi Port-au-Prince pour acheminer des vivres à Cap-Haïtien (nord). PORT-AU-PRINCE (AFP)
Un plan préconisant un changement de gouvernement soumis à Haïti
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