Insurrection en Haïti: le président se dit prêt à mourir pour son pays

Le président haïtien Jean Bertrand Aristide s’est déclaré jeudi prêt à mourir pour son pays où les insurgés dans le nord-ouest se sont dotés d’un « commandant en chef » en la personne de Guy Philippe, un ex-commissaire de police revenu récemment en Haïti, rapporte l’AFP. »Moi aussi, je suis prêt à mourir si c’est ce que je dois faire pour défendre mon pays », a affirmé le chef de l’Etat haïtien, confronté depuis 15 jours à une insurrection armée réclamant sa démission, qui a déjà fait 57 morts. Jean Bertrand Aristide a fait cette déclaration en recevant au Palais national, siège de la présidence, la famille de Jonas Maxime, directeur départemental de la police à Hinche (centre), tué lundi par des insurgés. Une délégation internationale, incluant des représentants de la Caricom (Communauté des pays de la Caraïbe), des Etats-Unis, de France et du Canada se rendra samedi en Haïti pour obtenir l’application de réformes par le président haïtien, a annoncé à Ottawa le chef de la diplomatie canadienne Bill Graham. Il a laissé entendre que Jean Bertrand Aristide ne respectait pas ses promesses en matière de libération de certains prisonniers politiques, choix d’un nouveau Premier ministre autonome et réformes dans la police, mesures préconisées par la Caricom. Jeudi soir, le département d’Etat a indiqué que Washington préparait avec la communauté internationale un plan de mesures politiques de sortie de la crise reprenant les grandes lignes de celui de la Caricom. Il devait être présenté samedi par la délégation internationale au président haïtien et à l’opposition, a ajouté le département d’Etat. De son côté, l’Organisation des Etats américains (OEA) a adopté jeudi soir une résolution demandant au président haïtien de se conformer aux mesures préconisés par la Communauté caraïbe. Critiquée aux Etats-Unis pour son inertie dans le dossier haïtien, l’administration de George W. Bush a évoqué pour la première fois la possibilité dans un cadre légal d’un remplacement du président. « Aux termes de la Constitution, il est le président pour encore quelque temps » (février 2006), a déclaré le secrétaire d’Etat Colin Powell à ABC-radio. « Maintenant, si un accord est conclu pour aller dans une autre direction, c’est bien ». « Nous ne suggérons pas cela, nous n’encourageons pas cela », a-t-il toutefois déclaré. Les Etats-Unis ont également appelé leurs ressortissants à quitter le pays et ont débloqué une aide d’urgence de 530.000 dollars pour la population haïtienne. Les insurgés sont dotés depuis mercredi d’un nouveau « commandant en chef », l’ex-commissaire Guy Philippe, qui s’était réfugié en République Dominicaine après « une tentative de coup d’Etat », selon les termes de la présidence haïtienne, contre Jean Bertrand Aristide en décembre 2001. Ses hommes, d’ex-militaires de l’armée haïtienne dissoute en 1995, ont rejoint les rebelles des Gonaïves (nord-ouest). Si le président Aristide « ne démissionne pas, nous allons libérer le Cap-Haïtien puis l’ouest » qui comprend Port-au-Prince, a déclaré Guy Philippe, qui se fait appeler « commandant en chef du Front révolutionnaire national pour la libération d’Haïti ». Il a présenté à des médias quelque 300 hommes bien armés et en uniformes. « Il y a beaucoup de bluff dans les déclarations » des insurgés, a rétorqué jeudi M. Aristide. « C’est une guerre psychologique pour vous démobiliser, pour vous faire peur », a-t-il dit à l’intention des policiers. « N’ayez pas peur, soyez braves », a-t-il lancé.La police haïtienne compte quelque 5.000 hommes pour une population de 8,3 millions d’habitants.

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