Plusieurs économistes haitiens ont accueilli avec une certaine amertume l’annonce de la conclusion d’un accord entre le gouvernement et le FMI autour d’un programme de relais . Invité au journal du Matin de Radio Métropole de ce mardi 13 mai 2003, l’économiste Marc Bazin a estimé que les conditions posées par le Fonds étaient drastiques car l’entente porte sur une période minimale de 6 mois avec une première évaluation ,dans 3 mois, des mesures exigées dans le cadre du contrôle des dépenses et de la réduction de l’important déficit public qui avoisinne les 3 milliards de gourdes .M. Bazin fait remarquer que le gouvernement en panne de devise américaine ( seulement 30 millions de dollars de réserves de change) se retrouve dans une situation délicate dans la mesure où il se doit de respecter les recommandations du FMI avant de pouvoir espérer le décaissement de 50 millions dans les prochains mois car il souffre d’un déficit de crédibilité. L’ancien ministre précise que l’accord du 8 mai est l’un des plus durs puisque le Fonds Monétaire n’a pas encore signé d’accord stand by ( ajustement structurel renforcé) avec le Pouvoir . Toutefois, M. Bazin y voit un aspect positif dans la mesure où c’est le premier accord signé avec le FMI depuis trois( 3) ans et ceci devrait permettre de donner une bouffée d’oxygène à une économie dysfonctionnelle. Les leçons à tirer , selon Marc Bazin : le Pouvoir Lavalas ne peut pas rouler ni jouer à l’usure avec le FMI , il doit faire la paix avec le Fonds et renoncer à sa politique d’hostilité et définir une nouvelle stratégie économique pour être crédible . Pour sa part, le chroniqueur économique à Radio Métropole , Kesner Pharel, estime que le gouvernement et la société haitienne ont reçu une gifle avec la signature de cet accord. M. Pharel rappelle que l’attention des secteurs public et privé a été attirée par plusieurs analystes à la suite de la crise du dollar en octobre dernier sur le désordre financier qui règne dans le pays. Kesner Pharel soutient que le gouvernement n’est plus souverain sur le plan économique car ses dépenses sont désormais controlées par le FMI. Cependant , l’économiste croit que les mesures indiquées par le Fonds vont conduire à une stabilité sur le plan du taux de change et vont être d’un grand support pour les réserves de changes . Toutefois , M. Pharel croit qu’au niveau de l’économie réelle , la population est très loin de voir le bout du tunnel . Le chroniqueur économique estime que l’austérité réclamée ( réduction des dépenses et augmentation des recettes)peut provoquer une contraction de l’économie et des difficultés sur le plan social .
Accord entre le gouvernement et le FMI , le Pouvoir Lavalas est sur la corde raide , selon des spécialistes
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