Contraction continue des activités économiques en Haïti au début de l’année 2002

Très affectée par l’interminable crise politique, l’économie haïtienne a connu un début d’année difficile repoussant ainsi tout espoir d’une prochaine reprise économique. Il convient de rappeler que les activités économiques en Haïti n’ont pas cessé de se contracter au cours des dernières années avec le Produit Intérieur Brut (PIB) accusant une contraction de 1.2% au cours du dernier exercice fiscal, selon des informations fournies par l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI). Les transactions commerciales réalisées dans les banques commerciales de la capitale financière haïtienne ont confirmé, durant le mois de janvier 2002, le ralentissement continu des activité économiques. Les banques ont acheté en moyenne au cours de cette période 2 millions 981 mille 477 dollars et 40 centimes et ont vendu en moyenne 3 millions 68 mille 217 dollars et 80 centimes. Il convient de signaler que la forte baisse du prix du baril de pétrole sur le marché mondial après les événements tragiques du 11 septembre 2001, a causé une diminution de la demande locale de dollars pour les importations pétrolières. Ceci n’a toutefois empêché une appréciation du billet vert par rapport à la gourde haïtienne au cours du premier mois de l’année 2002. Le dollar US a affiché une moyenne de 25.75 gourdes à l’achat au cours du mois de janvier 2002 contre 21.20 gourdes durant le mois de janvier 2001, ce qui indique une dépréciation de plus de 20% de la gourde haïtienne par rapport à la devise américaine. Du côté de la vente, le cours du dollar a accusé une moyenne de 27.25 gourdes durant le mois de janvier 2002 contre 24.80 gourdes au cours de la même période de l’année précédente. Le niveau de 27.50 gourdes a été atteint durant le premier mois de la nouvelle année. Les autorités monétaires haïtiennes se retrouvent, depuis quelque temps déjà, dans l’incapacité d’intervenir sur le marché local des changes pour apporter un soutien à la monnaie locale en raison de la faiblesse des réserves nettes de change du pays. Ces réserves sont en fait en dessous du seuil critique de 200 millions de dollars recommandé par le Fonds Monétaire International pour garantir un certain équilibre macroéconomique. Elles étaient en fait estimées à moins de 100 millions de dollars US en décembre 2001. La diminution de la capacité d’exporter de l’économie haïtienne, la faiblesse des investissements directs étrangers, la baisse des transferts de devises résultant des événements du 11 septembre 2001 aux Etats- Unis et la cessation de l’assistance financière des principaux bailleurs de fonds d’Haïti en raison de la crise politique, ont influencé négativement l’offre de devises dans l’économie haïtienne. Il importe d’ajouter que les pressions observées en début d’année sur le marche haïtien des changes, est le résultat de l’absence d’une certaine rigueur dans la gestion macro économique du pays. Le budget de la République, qui n’a pas été ratifié par le Parlement au cours des cinq dernières années, traîne encore à la Chambre des Députés, quatre mois après le début de l’exercice fiscal 2001-2002. L’incertitude affectant l’environnement politique et les déséquilibres macroéconomiques constituent ainsi des facteurs de déstabilisation du marché haïtien des changes. Kesner Pharel – Economiste – Radio Metropolekfpharel@hotmail.com

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