Affaire Duvalier| La décision de la cour d’appel : un signal fort, mais beaucoup reste à faire selon la FIDH

Dans un communiqué rendu public, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et ses organisations membres se félicitent de la décision rendue jeudi par la cour d’appel de Port-au-Prince rétablissant les accusations de crimes contre l’humanité formulées à l’encontre de Jean-Claude Duvalier et ordonnant un supplément d’enquête. Selon Patrick Baudouin, Président d’honneur de la FIDH, les autorités haïtiennes, par cette décision, ont envoyé un signal fort en faveur du rétablissement de l’État de droit. Cependant, dit-il, « il reste aujourd’hui à mettre en œuvre cette décision, notamment en enquêtant réellement sur les exactions commises pendant la dictature, en interrogeant les victimes et en réalisant les exhumations nécessaires » Jean Claude Duvalier a présidé Haïti de 1971 à 1986. Ces quinze années durant, rappelle la FIDH, son régime a été marqué par une dictature qui ne dit pas son nom, violant de façon systématique les droits de l’Homme, perpétuant ainsi le régime autoritaire mis en place par son père, François Duvalier de 1957 à 1971, en s’appuyant sur des forces de sécurité, notamment les « tontons macoutes », pour semer la terreur parmi les opposants politiques. « Les arrestations arbitraires, la détention des prisonniers politiques, la disparition, l’exécution sommairement, l’exil forcé et la torture » étaient monnaie courante sous le régime de Duvalier, selon la FIDH rappelant que « les libertés d’association, de réunion et d’expression ont été systématiquement entravées et la presse a été muselée.» Deux jours après son retour en Haïti, le 16 janvier 2011, Jean-Claude Duvalier devait répondre aux questions de la justice pour corruption et détournement de fonds publics. Une vingtaine de plaintes avaient été déposées contre lui pour crimes contre l’humanité. Le 27 janvier 2012, le Juge Caves Jean avait pris une ordonnance, le renvoyant devant un tribunal correctionnel pour corruption et détournement de fonds. Insatisfaites, les victimes, regroupées au sein du collectif contre l’impunité avaient fait appel à cette décision que la cour d’appel a cassé ce jeudi. Me. Fritzo Canton, avocat de Jean Claude Duvalier, a annoncé qu’il portera l’affaire devant la cour de cassation car les juges ne comprennent pas les textes de loi, estime-t-il. Rappelons que la FIDH et d’autres organisations de défense des droits de l’homme, dont le RNDDH, avaient – en référence notamment au procès de Duvalier qui n’a toujours pas eu lieu – écrit à François Hollande lui demandant d’inscrire la protection des droits humains dans son agenda de discutions avec son homologue Michel Martelly, en tournée officielle en Europe. MJ/Radio Métropole

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