Amiot Métayer ou un fugitif qui avait pignon sur rue

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L’assassinat du puissant chef d’ Organisations Populaires (OP) Lavalas , Amiot Métayer, dans des circonstances non encore élucidées , ne cesse de provoquer des remous. Radio Métropole dresse le portrait de ce fugitif qui imposait sa loi. Né à Desdunes pastoro, le 12 novembre 1961, Amiot Métayer s’est éteint à l’âge de 41 ans . Grandi aux Gonaives particulièrement au quartier populaire de Raboteau, il a fréquenté le lycée de la ville avant de tenter de faire des études universitaires à l’école de droit de la Cité de l’Indépendance. C’est sur le banc de l’école de droit qu’il a commencé à s’affubler de son costume de militant avec pour vis-à-vis l’ex- capitaine de l’ armée Castera Cénafis , également étudiant à l’epoque. Une haine viscérale entre les deux hommes est née depuis. Amiot metayer dit « Cubain » allait pendant le coup d’Etat symboliser la résistance aux militaires ce qui lui a valu l’exil au lendemain du massacre de Raboteau, en avril 1994 . De nouveau au pays en 1994 avec le retour d’exil du Président Aristide , en octobre, Amiot Métayer fonda l’Organisation Pour le Développement de Raboteau (OPDR) dont il a été jusqu’à sa mort le secrétaire général .Proche des résidents de Raboteau dont il a gagné la sympathie pour sa bonhomie, très remarqué par ses interventions lors du procès du massacre de Raboteau en 1998 dont l’un des accusés puis condamnés fut l’ex-capitaine Cénafils , la force de son regroupement dénommé « Armée Cannibale », sa notoriété à Raboteau et sa richesse ont porté ses flagorneurs à le surnommer « fòs la » ( la force). Le nom d’Amiot Métayer dit « Cubain » a commencé à être de plus en plus célèbre à la faveur des évènements du 17 decembre 2001 caractérisés par la mise à sac des locaux des principaux partis de l’Opposition . A l’origine de plusieurs actes de violence aux Gonaives dont l’incendie de plusieurs maisonnettes, l’Organisation des Etats Americains a fait figurer son nom dans plusieurs Résolutions pour reclamer son arrestation. « Cubain » a commencé à se faire du souci quand l’Exécutif a usé de stratagème pour procéder à son interpellation en juillet 2002. Et depuis, un froid s’ était installé entre le parti au pouvoir et le chef de « l’Armée Cannibale ». Son incarcération au Pénitencier National a provoqué un soulèvement à Raboteau ponctué notamment d’incendies d’édifices publics , de manifestation de rues et de grèves au point où le Pouvoir finit par l’héliporter aux Gonaives sur promesse d’élargissement prochain. Mais , des journées se sont succédées sans libération d’Amiot Métayer . La tension allait monter d’un cran et ses partisans annoncaient qu’ils allaient mettre la ville sens dessus dessous . Quelques jours plus tard , de sa cellule étant , Amiot Métayer écrivit au Président de la République pour signifier à Jean Bertrand Aristide son incapacité à contenir la foule de ses partisans qui exigeaient sa libé ration. 2 août 2002, le chef de l’Etat dirigeait une réunion avec des élus Lavalas quand on lui apprenait la nouvelle du coup de force spectaculaire des proches de « Cubain » qui , à l’aide d’un bulldozer, réussirent à le libérer de prison. En effet, Amiot Métayer et plus d’une centaine de prisonniers se sont évadés et l’un d’entre eux a été tué. A ce moment , Amiot Métayer s’écria : « Aristide m’avait kidnappé , le peuple m’a enlevé des griffes d’Aristide ». C’est la consternation, César Gviria secrétaire général de l’OEA parle de situation troublante en Haiti ,le premier ministre haitien Yvon Neptune fait allusion à des noyaux de brigands qui exploitent la misère des masses défavorisées pour défendre leurs propres intérêts. Amiot Métayer ne semble pas ébranlé et vend la mèche lors d’une manifestation anti-Aristide, le 3 août , en compagnie du condamné à perpétuité Jean Pierre dit Jean Tatoune . Le chef d’OP révèle que le 17 décembre 2001, à l’annonce d’un coup d’Etat , il a été informé par le premier ministre , Yvon Neptune et le chef a.i. du parti au Pouvoir , Jonas Petit qui lui ont demandé de prendre la direction des opérations aux Gonaïves pour faire face à l’Opposition . La réaction de Fanmi Lavalas ne se fait pas attendre . Jonas Petit passe a l’attaque et prend ses distances par rapport au chef de « l’Armee Cannibale ». « Je ne le connais pas » , affirme le représentant national a.i. de Jean Bertrand Aristide . Dans la gestion du dossier de l’évasion de Amiot Métayer qui devait regagner sa cellule, selon la communauté internationale , l’Opposition , la Société Civile et les militants des droits humains , les violons de la Primature ne se sont pas accordés avec ceux de la présidence. Si Yvon Neptune traite Métayer de brigand , Jean Bertrand Aristide voit les choses autrement .L’un des membres du cabinet de la présidence , Jose Ulysse, rétorque rapidement pour remettre les pendules à l’heure. « Nous voulons éviter une effusion de sang aux Gonaives , voilà pourquoi on a été négocier une issue heureuse à cette situation » , déclare ce porte-parole de la Présidence.Mais l’intervention de Jose Ulysse a tapé sur les nerfs les proches de Amiot Métayer qui menacent de faire passer un mauvais quart d’heure à l’émissaire du palais national. En fait , la tension allait rapidement baisser après le passage du « négociateur » du Président Aristide . Depuis , Amiot Métayer , tout en se disant prudent, allait reprendre son bâton de pelerin lavalassien en prônant la paix pour 2004 à l’occasion du bicentenaire de l’Indépendance. Recheché par la police , mais présent en face du commissariat des Gonaives dans des manifestations de rues, escorté depuis son évasion de plusieurs gardes du corps, le chef de « l’Armée Cannibale » était un homme apparemment libre. Son assasinat, vraisemblablement le 21 septembre , survient plus d’ une année après le coup de force spectaculaire qui l’a mis hors de sa cellule. Ce crime intervient à un moment où son arrestation était réclamée par bien des secteurs qui insistent pour que les conditions de sécurité soient réunies avant d’ intégrer le processus électoral, selon le vœu de la Résoluition 822 de l’OEA . Amiot Métayer était père de trois (3) enfants . Les premiers éléments d’informations révèlent que le chef de « l’Armee Cannibale » a laissé sa maison , le dimanche 21 septembre , en compagnie d ‘un camarade et militant Lavalas, Paul Odonel , puis n’est pas rentré . Son corps criblé de balles est retrouvé le lundi 22 septembre non loin de Saint Marc. La mort du fugitif provoque de violentes manifestations anti-gouvernementales aux Gonaives . Le meurtre de Métayer est dénoncé par l’ensemble des secteurs . Le gouvernement met déjà à l’index ce qu’il appelle un bras armé de l’Opposition et promet de faire le jour autour de la question pendant que des proches du défunt accusent aussi le Pouvoir.

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