Les cadavres sont-ils une menace ? Comment soigner les blessés ? Faut-il craindre des épidémies ? Après le séisme en Haïti, la situation sanitaire s’annonce périlleuse dans un pays confronté à une misère endémique et privé de ses infrastructures essentielles. L’AFP a interrogé des spécialistes en la matière.Q : Quelles sont les urgences sanitaires ?R : Extraire les survivants des décombres et soigner les blessés apparaissent comme la priorité pour les experts. Immédiatement après, dans l’ordre des préoccupations, arrive la mise à l’abri des survivants. « Le plus rapidement on pourra avoir des abris, de l’eau et de la nourriture, le moins on aura de maladies », souligne Brigitte Vasset (Médecins sans frontières).Q : À quelles blessures doit-on s’attendre ?R : « Crush Syndrom », polytraumatismes et fractures. Le Crush Syndrom est spécifique aux tremblements de terre. Il s’agit d’une compression, par des matériaux, des « grosses masses musculaires », principalement les jambes, qui fait qu’au moment où le blessé est sorti des décombres, toutes les toxines accumulées partent dans l’organisme et submergent les reins. Il peut alors en résulter une insuffisance rénale aiguë.Q : Les cadavres sont-ils une menace ?R : « Après une catastrophe naturelle, les cadavres ne transmettent pas de maladies », assure le Dr Vasset. « Ce n’est pas la catastrophe qui va créer des épidémies, ce sont les regroupements de population, en particulier dans un pays où le système de santé, et notamment la prévention, n’est pas d’un très bon niveau. »Q : La question de l’eau est-elle essentielle ?R : Les experts sont unanimes, l’eau saine est une priorité. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) va envoyer des spécialistes. « Avant le séisme, seul un Haïtien sur deux avait accès à l’eau potable, et 19 % de la population disposaient de sanitaires », rappelle Paul Garwood de l’OMS. « Il va falloir des solutions d’urgence (citernes, distribution par camions) avant de reconstruire », estime le Dr Vasset. « Elles coûtent cher, mais il y en a. »Q : Quelles sont les maladies les plus à craindre ?R : En premier lieu, les maladies transmises par l’eau souillée, et tout particulièrement les diarrhées. « Diarrhées, dysenterie, paludisme, choléra, tuberculose et autres infections respiratoires sévères étaient déjà présents avant dans le pays », indique Paul Garwood. « Si les gamins ne sont pas vaccinés contre la rougeole, il y a un risque d’épidémie », renchérit le Dr Vasset.Q : Y a-t-il des populations à risque ?R : « C’est toujours les enfants qui sont les plus à risque, les moins de 5 ans », explique le Dr Vasset. Les malades chroniques (maladies cardiaques, cancer, diabète, sida…) « auront perdu leurs médicaments et se retrouveront sans soins », ajoute Tammam Aloudat (Fédération Croix-Rouge et Croissant-Rouge).Q : L’aspect psychologique est-il important ?R : « Un stress extrême est un facteur majeur » pour le Dr Aloudat, qui cite perte de la famille, des biens, la vue des cadavres et du spectacle de désolation. « On a déjà trois psychiatres prêts à partir », indique le Dr Vasset. « Ces gens ont besoin de soins et si on ne les prend pas en charge psychologiquement, ils submergent les consultations. »Il est bon de rapeller que la CAPEM n’envoie plus d’eau dans le réseau, que l’EDH est en train de faire un bilan du réseau sur la zone métropolitaine. Les gens qui sont maintenant sans abris font leurs besoins à même la rue, ils dorment proche des cadavres, ce qui augmente le risque qu’il attrapent Diarrhées, dysenterie, paludisme, choléra ou tuberculose. A l’heure actuelle il est très difficile d’établir des mesure d’hygiène.AFP / RM
Après le séisme, quels sont les risques sanitaires ?
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