A l’occasion de la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel, célébrée le 27 octobre de chaque année, le Bureau de l’UNESCO à Port-au-Prince en coopération avec la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) a organisé une conférence « Archives en danger, il reste beaucoup à faire ». Selon un communiqué de la mission onusienne , 80 participants y compris les professionnels de la presse, les experts et les associations qui travaillent en archivage audiovisuel, et les étudiants en communication et journalisme se sont réunis lors de cette rencontre pour discuter des enjeux dans le contexte haïtien, notamment après le séisme de 2010 qui a détruit une importante quantité d’archives, ainsi que pour partager des informations sur les initiatives entreprises aujourd’hui. La conférence a été ouverte par M. Paul Gomis, représentant de l’UNESCO en Haïti, et la Porte-Parole de la MINUSTAH, Mme Sophie Boutaud de la Combe. M. Gomis a rappelé l’objectif de cette Journée mondiale comme mécanisme de prise de conscience générale de l’urgence des mesures à prendre et pour reconnaître l’importance des documents audiovisuels comme faisant partie intégrante de l’identité nationale. Il a également présenté le Programme Mémoire du Monde que l’Organisation a mis en place en 1992 avec le but de faciliter la conservation du patrimoine documentaire mondial, et d’aider à assurer un accès universel au patrimoine documentaire. « Ces documents, collections ou fonds sont donc considérés comme importants parce qu’ils transcendent les frontières, les époques et les cultures. Elles transcendent aussi les frontières entre les humains. Il convient par conséquent de les préserver au bénéfice des générations présentes et futures », a-t-il declaré. Mme Boutaud de la Combe a pour sa part souligné l’importance du rôle des médias au sein de la société haïtienne en tant que gardien du bon fonctionnement de la gouvernance démocratique, et dans la transmission des savoirs et des valeurs. « Au delà de leur impact historique, les archives audiovisuelles des médias montrent la réalité du pays à un instant donné. Sans archives comment interpeller le passé dans ce qu’il a de construit ou détruit? Que ce soit pour les historiens, pour les journalistes d’aujourd’hui ou de demain ou pour les étudiants. Sans archives la mémoire collective se dilue dans les idéologies » a-t-elle souligné. Premier des panelistes à intervenir, le réalisateur et cinéaste haïtien Arnold Antonin, a partagé une vue d’ensemble de la situation de l’audiovisuel dans le pays aujourd’hui, tout en soulignant le rôle social de ce patrimoine dans la réalisation de la démocratie, des droits de l’homme et dans la promotion d’une identité collective. Selon l’ancien président de l’Association des Cinéastes Haitiens, nombreux sont les défis qui se rattachent à la sauvegarde des archives audiovisuelles en Haiti. Comme l’absence de politique et de dispositif pour préserver les documents audiovisuels. M. Antonin a ainsi souhaité « que tous les acteurs de la radio et de la télévision des secteurs publics et privés conjugent leurs efforts pour mettre en place un dispositif garantissant la bonne tenue des documents audiovisuels », invitant Haïti à s’engager à travers une déclaration à l’instar de l’Association des Archivistes professionnels du Bénin en 2011. Un autre problème majeur à considérer : le coût de la préservation des documents audiovisuels selon le représentant de l’Institution Nationale de l’Audiovisuel français, Daniel Teruggi, « Nous travaillons de manière à accélérer et simplifier le coût de la numérisation. Ouvrir l’accès aux contenus numérisés pour rentabiliser les archives est une piste permettant d’en favoriser le financement», a-t-il précisé. Répondant à une question d’un journaliste de l’assitance, M. Teruggi a indiqué que « Si tout ne peut être numérisé le choix peut se faire sur la base de priorités et de critères techniques, historiques et aussi pour compléter des collections existantes ». Mme Isabel Viera Bermudez, spécialiste en communication et information de l’UNESCO au Bureau Régional pour la Culture en Amérique Latine et dans les Caraïbes, à la Havane, a présenté l’exemple de Cuba en expliquant les procédures et les étapes nécessaires à la préparation des dossiers de candidature au Programme Mémoire du Monde, dans lequel Cuba a trois éléments inscrits dont un comme patrimoine audiovisuel, avec les journaux télévisés de l’ICAIC entre 1960 et 1990. Ces archives historiques ont aussi fait l’objet d’un accord de restauration et de diffusion avec l’INA en France. Mme Viera Bermudez a expliqué la procédure à suivre en vue de la préparation des dossiers de candidature tout en précisant que « l’inscription d’un document, d’un fonds ou d’une collection dans les registres Mémoire du Monde n’implique pas des conséquences juridiques ni financières, ni la protection des proprietaires, ou des gouvernements ou des institutions qui ont la charge de la protection de ces documents». Pour finir, le président de l’Institut Audiovisuel d’Haiti (IAH), Eddy Jazil, a encouragé les institutions publiques et privées à travailler en vue de sensibiliser l’opinion publique sur la conservation et la valorisation du patrimoine audiovisuel haïtien. « Creé en 2013, à travers un projet de sauvegarde du patrimoine audiovisuel, l’IAH est un organisme privé à but non lucratif qui dispose des moyens techniques et de l’expertise localement pour numériser les archives audiovisuelles du pays » a-t-il mentionné. Cet atelier-débat participe du plaidoyer de l’UNESCO pour une préservation et valorisation des archives et fait suite à une série de consultations engagée par le Bureau de la Communication et de l’information publique de la MINUSTAH avec le secteur de la presse à Port-au-Prince et en régions, dans le cadre de son mandat de renforcement des capacités des institutions en vue de promouvoir la bonne gouvernance et la démocratie. EJ/Radio Métropole Haiti
« Archives en danger, il reste beaucoup à faire ».
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