Aristide s’engage à organiser des élections législatives d’ici six mois

Le président haïtien Jean Bertrand Aristide s’est engagé mardi devant la communauté internationale à organiser des élections législatives en Haïti « dans les prochains six mois » alors que le pays fonctionne désormais sans Parlement. « La date précise n’est pas encore fixée et il faudra dialoguer avec l’opposition pour trouver le meilleur moment », a-t-il toutefois précisé lors d’une conférence de presse à Monterrey au Mexique lors d’un sommet des Amériques. En Haïti, le socialiste Serge Gilles, un des responsables de l’opposition qui réclame avec la société civile la démission du chef d’Etat, a aussitôt estimé qu’il s’agissait de « déclarations à usage externe ». « Tout le monde sait qu’il ne peut pas organiser des élections dans six mois sauf des élections lavalasso-lavalassiennes », a-t-il dit, en évoquant le parti Lavalas au pouvoir. Le président haïtien avait déjà promis des élections pour 2004, également sans donner de date. « Je suis très content d’organiser ces élections et je propose donc le prochain semestre pour le dialogue avec les milieux de l’opposition, de la société civile et des hommes d’affaires », a dit Jean Bertrand Aristide. Haïti, qui fait « l’apprentissage de la démocratie », « devra respecter le langage des urnes ». « Nous avons eu 32 coups d’Etats et il faut maintenant respecter le principe de la démocratie », a ajouté le président. Sa présidence s’achève en février 2006 et il n’entend pas l’écourter. Haïti n’a plus de Parlement depuis mardi matin, après la fin du mandat de ses 83 députés et des deux tiers de ses 27 sénateurs. Quinze sénateurs, restés en fonction, vont permettre au gouvernement d’éviter les décrets mais, sans députés, aucune loi ne sera votée, selon un sénateur du parti Lavalas, Lans Clonès. Depuis des élections législatives en mai 2000, au résultat controversé, l’opposition et le pouvoir n’ont jamais réussi à s’entendre sur la formation d’un Conseil électoral chargé d’organiser un nouveau scrutin. Ce Conseil devait être formé de neuf personnes, représentant la Cour de cassation, le parti Lavalas au pouvoir, la Convergence démocratique (opposition), les autres partis de l’opposition, les églises catholique, épiscopale et protestantes, le patronat, et les organisations de défense des droits de l’homme. Affirmant que les conditions de sécurité ne sont pas remplies pour des élections, l’opposition a refusé de désigner ses deux représentants. Les églises, les organisations de défense des droits de l’homme et le patronat ont désigné des représentants mais refusé qu’ils entrent en fonctions également en raison de l’insécurité régnant en Haïti. L’Organisation des Etats Américains (0EA), dont le président Aristide a sollicité mardi une contribution pour envoyer en Haïti des observateurs aux futures élections, a réclamé, dans sa résolution 822, notamment des réformes dans la police et le désarmement des bandes proches du pouvoir afin de créer un climat de confiance pour un scrutin. Début janvier, la fronde anti-Aristide a franchi une nouvelle étape avec la signature d’un texte commun par les représentants de la société civile et des partis d’opposition demandant sa démission et celle de son gouvernement dans les plus brefs délais. Depuis plusieurs semaines, des manifestations à répétition sont organisées en ce sens, surtout à Port-au-Prince. Interrogé sur les violences qui ont accompagné la montée de l’opposition à son gouvernement, principalement du fait de ses partisans armés, Jean Bertrand Aristide a affirmé mardi qu’il ‘ n’était pas possible de (les) accepter ». MONTERREY (Mexique), 13 janvier 2004, (AFP).

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