Assassinat Jean L.Dominique : la famille va en appel de l’ordonnance défintive publiée récemment

La responsable de Radio Haïti Inter, Michèle Montas, veuve du journaliste Jean Léopold Dominique, annonce formellement qu’elle va interjeter appel de l’ordonnance rendue par le juge d’instruction Bernard Saint-Vil, le 21 mars 2003. A l’occasion du troisième anniversaire de l’assassinat du P.D.G. de Radio Haiti Inter ,le 3 avril 2000, Mme Montas a exprimé sa profonde déception par rapport à la décisioln de la justice qui s’est contentée de poursuivre des complices déjà en prison sans faire mention d’aucun accusé . Dans une déclaration faite depuis les Etats-Unis où elle se trouve en exil, Michèle Montas a dénoncé l’ordonnance du Juge Saint-Vil et critiqué le commissaire du gouvernement Josué Pierre Louis qui souhaite la tenue rapide d’un procès. La veuve de Jean Dominique ne mâche pas ses mots pour dénoncer l’impunité dans le pays sous le règne du Président Jean Bertrand Aristide et les menaces qui pèsent sur les journalistes de Radio Haïti Inter. L’anniversaire du meurtre de Jean L.Dominique est à nouveau l’occasion pour diverses organisations de défense des droits de l’homme de souligner la nécessité de combattre l’impunité. Ainsi , Amnesty International renouvelle son appel pour qu’une enquête approfondie et impartiale soit menée sur cette affaire, afin que justice puisse être rendue. « Pour que justice soit rendue, il faut que toute la vérité soit établie, a déclaré l’organisation. L’acte d’inculpation émis par le juge Bernard Saint Vil le 21 mars est un pas important ? mais outre les personnes soupçonnées d’être les auteurs du crime, ceux qui ont planifié et ordonné les meurtres doivent être traduits en justice. Dans tous les autres cas, il ne saurait y avoir justice pleine et entière», indique l’organisation internationale de défense des droits humains . Dans un texte publié ce 3 avril , Amnesty poursuit que « le meurtre de Jean Dominique a marqué le début d’un déclin important du respect des droits humains à Haïti. Depuis sa mort, les menaces et les attaques contre des journalistes, des défenseurs des droits humains et des officiers de justice sont devenues monnaie courante, tandis que le système judiciaire se politisait de plus en plus. La police est de plus en plus perçue comme une force partisane et des groupes armés illégaux perpétuent de plus en plus d’atteintes aux droits humains en toute impunité”. L’organisation estime que « si la justice se montrait totalement impartiale dans cette affaire particulièrement connue, cela pourrait permettre, à terme, d’inverser ces tendances dangereuses pour Haïti, a ajouté l’organisation. Toutefois, les autorités semblent réticentes à faire face à ces questions. Elles ont opté pour des demi-mesures ; cette affaire est trop importante pour que l’on s’en contente. » Pour sa part , Reporters Sans Frontières (RSF) appelle la société haïtienne à continuer de se mobiliser. RSF souligne qu’”après la publication, le 21 mars dernier, d’une ordonnance de clôture d’enquête qui ne désigne aucun commanditaire et ne retient que l’inculpation de six (6) exécutants déjà emprisonnés depuis plus de deux (2) ans”, il est du devoir de “ l’ensemble de la société haïtienne à se mobiliser pour obtenir justice pour Jean Dominique. Personne ne doit se satisfaire d’une justice qui ne répond pas à la principale question : qui a tué Jean Dominique ?” . L’organisation internationale de défense de la liberté de la presse indique que “le départ en exil, après avoir été victime d’une tentative d’assassinat, de Michèle Montas, la veuve de Jean Dominique, puis la suspension par Radio Haïti Inter de ses émissions prouvent, malheureusement, que ce sont les assassins qui imposent leur loi en Haïti” . RSF ajoute que “le départ en exil, en mai 2002, de sept (7) membres de la famille du journaliste assassiné Brignol Lindor, qui avaient reçu des menaces, le confirme tristement” . Reporters sans Frontières se dit “ convaincue que, au-delà des familles des victimes, l’impunité dont bénéficient les assassins et agresseurs des journalistes est un message adressé à la presse pour ses critiques à l’encontre du gouvernement”. L’organisation de défense des droits des journalistes fait remarquer qu’” avec le départ en exil de vingt-neuf (29) journalistes depuis trois (3) ans, c’est le droit de la société haïtienne à être informée qui est en danger ». Jean Léopold Dominique , directeur de Radio Haiti Inter , célèbre commentateur politique , a été abattu par balle le 3 avril 2000 dans la cour de sa station. Un gardien de la Radio , Jean Claude Louissaint, a été également victime de cette attaque perpétrée par des inconnus qui ont pris la fuite .

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