Atmosphère politique lourde en cette fin d’année où l’incertitude demeure la règle

La situation politique ne cesse de se dégrader depuis ces dernières semaines . Violences aux Gonaïves , à Cité Soleil , manifestations gouvernementales et contre-manifestations , c’est le bilan de l’actualité. Tout ceci sur fond de campagne de célébration prochaine du 200e anniversaire de l’Indépendance . Si le régime Lavalas met le cap à grand renfort de publicité sur la célébration du Bicentenaire de l’Indépendance, à moins de deux (2) mois de cette échéance, rien n’indique que tout sera mis au point pour faire de cette occasion historique l’évènement escompté. En guise de manifestation préparatoire à l’année 2004, le Pouvoir Lavalas gère l’une des rares situations d’hostilité auxquelles aucun régime n’a fait face depuis la chute des Duvalier en 1986. Manifestations de rues en série, l’atmosphère est troublante et l’issue est incertaine. Quand aux Gonaïves , ce sont des proches de feu Amiot Métayer dit Cubain qui protestent, manifestent violemment dans les rues, qui incendient des véhicules ou maisons , à Cité Soleil , ce sont des jeunes lourdement armés qui s’entretuent, il y a de quoi s’inquiéter. Le nouvel homme fort de Cité Soleil est un jeune d’une vingtaine d’années, « Dread Wilmen », un proche du pouvoir qui menace d’anéantir un autre dissident lavalas, Thomas Robenson dit Labanière et ses partisans. Tout a commencé par la mort d’un autre chef d’OP lavalas, Rodson Lemaire dit Kolobri. Depuis, la police, passive ou impuissante, laisse le sang couler à flot dans le plus grand bidonville de la région métropolitaine où des familles qui sont sur le qui vive abandonnent la zone. Parallèement, ce sont des partisans du pouvoir, dans le cadre d’une opération dénommée “Etau Bouclier”, qui promettent d’empêcher toute manifestation allant dans le sens de la Résolution du 15 décembre 2003 de l’Opposition( démission du Président Aristide et son remplacement par un juge de la Cour de Cassation). A Port-au-Prince comme partout ailleurs, rares sont les rassemblements qui arrivent à se dérouler en toute quiétude sans que les lavalassiens n’y viennent placer leur mot et , dans la plupart des cas, par la violence. Entretemps, l’insécurité en Haïti gagne du terrain, pas un jour sans qu’on ait à déplorer un crime même s’il relève dans certains cas du banditisme. L’atmosphère est maussade et l’espoir d’un compromis susceptible de favoriser un dégèl de cette situation macabre est mince. Les officiels, loin de calmer les appréhensions de la population, à travers d’autres messages, se retranchent derrière des accusations. A chaque évènement violent regrettable survenu dans le pays que ce soit à Petit-Goâve, aux Gonaïves, à Pernal, à Lascahobas ou â Cité Soleil, le même discours revient. Il s’agit d’actes d’un « bras armé » de l’Opposition. Alors que ces déductions arrivent souvent sans enquête. Pire, dans nombre de cas, il s’agit d’actes perpétrés par des lavalassiens eux-même ou d’actes entre dissidents et loyaux . L’atmosphère est lourde, les élections annoncées risquent de se dérouler dans une ambiance morose tel que l’a fait remarquer l’ambassadeur américain à Port-au-Prince, James Foley. Et pour comble de malheur, tandis que certains dirigeants d’OP tels René Civil et Paul Raymond promettent de ne pas perturber les manifestations hostiles au Président de la République, c’est au tour des journalistes travaillant dans des médias considérés comme pro-gouvernementaux dans le Nord d’interdire une réunion de l’AJH sur le code d’éthique. La situation est triste quand des hommes au micro affichent une telle attitude.

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