Augmentation des dépôts dans le système bancaire haïtien au cours des premiers mois de l’année 2001

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Après avoir connu une baisse de 6.5 % en décembre 2000 par rapport à septembre 2000, les dépôts au niveau du système bancaire haïtien ont connu un renversement de tendance durant les trois premiers mois de l’année 2001 avec une augmentation de 7.5 % en mars 2001 par rapport à décembre 2000, selon le dernier rapport du Département de la Supervision de la Banque de la République d’Haiti (BRH) dénommé « Statistiques » et Indicateurs Financiers. Ce rapport trimestriel présente un grand nombre d’informations sur la situation prévalant au niveau du système bancaire haitien. Les dépôts au niveau du système bancaire haitien sont en fait passés de 23 milliards 376 millions 80 mille gourdes et 40 centimes en décembre 2000 à 25 milliards 96 millions et 898 mille gourdes et 40 centimes en mars 2001. Ceci a favorisé une augmentation considérable des disponibilités au niveau du secteur bancaire de l’ordre 18.1 % durant la mme période. Il importe de noter que la chute observée au niveau des dépôts durant le premier trimestre de l’exercice fiscal 2000-01 (octobre – décembre), est le résultat de fortes pressions inflationnistes provoquées par la décision du gouvernement d’augmenter les prix des produits dérivés de pétrole de l’ordre de 40 % à la fin du dernier trimestre de l’exercice 1999-2000. Le taux d’inflation au niveau de l’économie haitienne s’était rapproché de la barre de 20 % au cours des trois derniers mois de l’année 2000, ce qui avait forcé les épargnants à retenir une partie leurs fonds ou à réaliser des retraits pour satisfaire certains besoins et faire face à des engagements. Quant aux dépôts en devises dans le système bancaire haitien, ils ont connu la même évolution que ceux en gourdes durant le premier semestre de l’exercice fiscal accusant une chute de 16.1 % en décembre 2000 par rapport à septembre 2000 et affichant une reprise de 10.7 % en mars 2001 par rapport à décembre 2000. Les dépôts en devises ont atteint en mars 2001 le niveau de 10 milliards 147 millions 700 mille gourdes et 10 centimes, ce qui représente plus de 40 % de l’ensemble des dépôts du système bancaire haitien. Ceci indique clairement un renforcement du phénomène de la « dollarisation » au niveau de l’économie haitienne. La dépréciation continue de la gourde par rapport au dollar US a encouragé les agents économiques haïtiens à transformer de plus en plus une geande partie de leurs actifs en dollars. En raison de la détérioration de la conjoncture économique et financière enregistrée au cours des six premiers mois de l’exercice fiscal 2000-01 avec l’aggravation de la crise politique, le volume de crédit octroyé par les banques commerciales évoluant en Haiti, a connu une certaine contraction. Les prêts nets dans le secteur bancaire ont accusé des baisses respectives de 9.2 et 0.7 % en décembre 2000 et mars 2001 par rapport à septembre 2000 et décembre 2000. Le resserement de l’étau monétaire avec l’application d’une politique restrictive par la banque centrale pour éviter une trop forte dépréciation de la monnaie locale et controler ainsi les pressions inflationnistes, a grandement contribué au renchérissement du loyer de l’argent au niveau du marché monétaire haitien. L’adoption d’une telle politique par les autorités monétaires a donné lieu à un certain découragement du coté des investisseurs et a favorisé ainsi le ralentissement des activités économiques. Les analystes n’écartent pas la possibilité d’une contraction du Produit Intérieur Brut (PIB) à la fin de l’exercice en cours. Il importe de préciser que l’encours des bons BRH a atteint le niveau de 1 milliard 475 millions 799 mille gourdes au cours du mois de mars 2001, soit une augmentation de 81.3 % par rapport a décembre 2000. Les bons BRH représentent des placements réalisés par les banques commerciales auprès de la banque centrale sur des périodes de 7, 28 et 91 jours. Le taux sur les bons de 91 jours, l’échéance la plus longue, est supérieure à 25 %, ce qui a provoqué une hausse substantielle du taux de base bancaire (prime rate) qui se retrouve actuellement autour de 30 %. Kesner PharelEconomiste – Radio Métropole

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