« Boat People » : Un Drame Permanent

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AFP.- Le drame de Flamengo Cay illustre une autre tragédie permanente, celle des Haïtiens fuyant à longueur d’année un pays où sévissent la misère et l’insécurité pour tenter de gagner les côtes de Floride et l’eldorado américain où vit déjà un million de leurs compatriotes dont la manne annuelle (500 millions de dollars envoyés à leurs familles) aide la république caraïbe à survivre tant bien que mal. Cet exode, sous l’aggravation de la misère (un demi milliard de dollars d’assistance internationale gelée dans l’attente des élections) et de l’insécurité, endémique en période pré-électorale, s’est dangereusement accentué cette année.En effet, alors qu’en 1999, les garde-côtes américains avaient rapatrié 893 « boat people », depuis janvier, le chiffre des réfugiés interceptés s’élève déjà à 409, selon les chiffres communiqués à l’AFP par l’Ambassade des Etats – Unis. Le retour à l’ordre constitutionnel qui a suivi en 1994 le retour physique du président Jean-Bertrand Aristide, après l’intervention militaire américaine qui avait chassé les militaires qui l’avaient renversé fin 1991, n’a pas apporté aux Haïtiens les espoirs de redressement économique qu’ils attendaient dans un pays dévasté par trois ans de dictature militaire et d’embargo international impitoyable à propos duquel les Etats-Unis viennent de reconnaître tardivement par la voix de leur dernier ambassadeur qu’il avait été « à l’encontre du but recherché ». Le revenu intérieur per capita oscille toujours autour de 380 dollars par an, alors que plus de 60 pour cent des huit millions d’habitants est sans emploi et souvent proche du seuil de pauvreté malgré un redressement de l’industrie de sous-traitance (25 mille emplois environ) qui était avant l’embargo la principale ressource du pays.A ces problèmes économiques s’ajoutent le drame de la démographie -2.3 pour cent de croissance annuelle – dans un pays aux trois-quart montagneux où trente pour cent de la terre arable sont déjà perdus en raison d’un désastre de l’environnement dû à l’explosion démographique qui oblige la paysannerie à sacrifier ce qui reste de la couverture forestière du pays pour planter des cultures vivrières pour survivre ou faire du charbon de bois, principale combustible populaire du pays malgré les efforts privés et gouvernementaux pour promouvoir le gaz propane dont le prix est inaccessible pour la plupart des couches défavorisées. Le problème démographique a causé un surpeuplement urbain anarchique particulièrement visible à Port-au-Prince (2.4 millions d’habitants), source de misère et de violence souvent exploitée à des fins politiques notamment en période électorale. La somme de ces problèmes a fait perdre à Haïti, autrefois destination touristique à la mode comme Cuba d’aujourd’hui, des milliers de visiteurs qui étaient attirés par la beauté de ces paysages et de ces plages, son art primitif, en particulier sa peinture unique dans le tiers-monde, et la gentillesse de ses habitants.

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