Cité Soleil ou le quotidien entre violence et misère

Le plus grand bidonville de Port-au-Prince n’en finit pas de rechercher la voie de sortie à ses troubles chroniques . Cité Soleil , élevée au rang de commune , vit aujourd’hui une nouvelle période de turbulences depuis l’assassinat du chef d’OP Lavalas, Rodson Lemaire , le 31 octobre 2003 . Les habitants de la Cité se débattent dans un quotidien où tirs d’armes à feu et misère s’entrecroisent . Si l’on devait se fier aux apparences, l’on pourrait de bonne foi dire que tout va bien à Cité Soleil. Sur la Nationale numéro 1, la circulation automobile est normale. Des deux (2) côtés de la rue, le commerce de fortune est bel et bien installé, n’empêche que la tension qui règne à Cité Soleil depuis la mort de Rodson Lemaire alias « Kolobri » persiste. Au commissariat de Police, à l’entrée de la commune, le contact avec la population est rompu, la garde à vue est vide, tous les policiers, la femme de ménage et le gardien se réfugient dans une seule pièce, d’ailleurs toutes les armes du commissariat sont portées par les agents présents mais leur préoccupation ne disparait pas pour autant. Tension au dehors, tension à l’intérieur de la commune contrôlée par les hommes de Thomas Robenson dit « Labanière ». Tessons de bouteille, carcasses de voiture, grosses pierres sur la chaussée, tous les moyens sont bons pour repousser une nouvelle incursion des partisans de « Dread Wilmen », le nouvel homme fort de la Cité. Il est midi , pourtant les écoles et l’admnistration publique sont fermée, au marché, les détaillants se présentent mais aucune activité. Depuis l’assassinat de Rodson Lemaire dit « Kolobri », beaucoup d’habitants de Cité Soleil prennent de plus en plus l’habitude de rester à l’intérieur de leur maison, écouter la radio, regarder la télé car, ici contrairement à une bonne partie de Port-au-Prince , l’électricité est à gogo . D’autres riverains qui ne supportent pas l’oisiveté décident de mener leurs activités mais à leur risque et péril . Dans le secteur contrôlé par Thomas Robenson et Amaral Duclona qui sont carrément invisibles, un étranger même s’il est journaliste, ne circule pas librement, il y a toujours quelqu’un pour vous accompagner et même choisir à votre place les personnes à interviewer. Ce qu’il faut comprendre, c’est que depuis le regain de tension, la population civile est tout simplement prise en otage par deux (2) groupes armés (partisans et dissidents Lavalas) . Et, quand dans la Cité les tirs se croisent, c’est Jean Bertrand Aristide qui est critiqué. Une quinquagénaire et mère de famille n’hésite pas à condamner le comportement du Chef de l’Etat qui , selon elle , a encouragé cette situation alors que la misère fait rage dans le plus grand bidonville du pays entouré de détritus . Une semaine depuis le début des affrontements, une semaine depuis que la population civile ne vit pas. La mort de « Kolobri » vient prouver à tous que l’enfer est abstrait, il peut être dans le soleil ou dans la Cité.

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