Colin Powell à Port-au-Prince lundi pour soutenir les nouveaux dirigeants

Le secrétaire d’Etat américain Colin Powell va se rendre lundi en Haïti pour une brève visite d’une journée destinée à soutenir le nouveau pouvoir, après le départ dans des conditions controversées du président Jean-Bertrand Aristide. M. Powell va rencontrer des membres du gouvernement provisoire mis en place sous la direction du Premier ministre Gérard Latortue, a déclaré vendredi le porte-parole du chef de la diplomatie américaine, Richard Boucher, dans un communiqué publié en marge d’une cérémonie d’élargissement de l’Otan à Bruxelles à laquelle il participe. Le secrétaire d’Etat, dont ce sera la première visite dans ce pays depuis sa prise de fonctions en janvier 2001, compte « s’informer personnellement des efforts américains et internationaux pour stabiliser le pays et répondre aux besoins humanitaires du peuple haïtien », a-t-il ajouté. M. Powell avait joué un rôle personnel important dans le départ en exil dans des conditions controversées de M. Aristide le 29 février à bord d’un avion affrêté par les Etats-Unis. Le président déchu affirme avoir été victime d’un enlèvement, tandis que Washington assure qu’il est parti de son plein gré, après avoir démissionn‚ en bonne et due forme. Les Etats-Unis sont à la tête d’une force multinationale en Haïti, qui compte plus de 3.300 hommes dont 1.900 soldats américains, 730 français, 330 chiliens et 360 canadiens. M. Aristide avait quitté précipitemment Port-au-Prince, confront à une insurrection armée et à des pressions internationales, principalement américaines et françaises. Après un séjour en République centrafricaine, il se trouve actuellement en Jamaïque où il est arrivé le 15 mars, et continue de chercher un pays qui lui accorde un asile permanent. Le Nigéria lui a accordé un asile temporaire mais Aristide avait fait savoir qu’il n’avait pas pris de décision à ce sujet. La visite de M. Powell vise notamment à conforter la légitimité internationale des nouvelles autorités de Port-au-Prince, en froid notamment avec les pays voisins de la communauté des Etats des caraïbes (Caricom). La Caricom avait décidé samedi dernier de garder ses distances vis-à-vis de la nouvelle équipe à Port-au-Prince et avait réitéré son appel à une enquête de l’ONU sur le départ de M. Aristide. Les évènements « n’ont pas rendu possible de recevoir le gouvernement intérimaire dans les conseils de la Communauté », avaient fait savoir ses dirigeants, réunis dans l’île de Saint-Kitts, pour un sommet dont M. Latortue était absent.L’Afrique du sud, fréquemment évoquée comme une destination possible, avait fait savoir la semaine dernière n’avoir reçu aucune demande formelle d’asile de la part de l’ancien président haïtien. Une visite en Haïti de l’ancien ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin prévue le 1er avril, avait été annulée en raison du remaniement gouvernemental en France. BRUXELLES, 2 avril 2004 (AFP)