Crise au diocèse de Jérémie dirigé par Willy Romélus

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La décision de l’Evêque Willy Romélus de transférer le père Jude Berthomieux Frédérick a provoqué une crise au sein du diocèse situé dans le département de la Grande-Anse ( Ouest de Port-au-Prince ) . Le père Frédérick a été suspendu de ses attributions pendant une durée de un (1) mois et a quitté la ville vers une distination inconnue dans l’après-midi du jeudi 2 mai 2002 . Le jeune prêtre , ordonné , il y a trois (3) ans , est connu pour son caractère tranchant . Dans ses différentes homélies , il ne cesse de dénoncer la corruption qui règne , selon lui , au sein du diocèse de Jérémie. Le père Jude Frédérick est particulièrement critique vis-à-vis de ses pairs à qui il reproche non seulement de tourner le dos au voeu de chasteté mais aussi de baigner dans l’opulence. Les commentaires du jeune prêtre lui ont valu à la fois la sympathie d’une bonne partie de la population et la grogne de plusieurs de ses pairs . A l’annonce de la décision de la prise par l’Evêque , des centaines de sympathisants du père Frédérick ont gagné les rues de la ville dans la soirée du jeudi 2 mai 2002 et se sont dirigés vers l’Evéché pour exprimer leur désaccord et réclamé le retour du prêtre dans ses fonctions. Des agents du Corps d’intervention et de Maintien d’Ordre (CIMO) ont été dépêché pour éviter le pire. Les manifestants , dans leur colère, ont cassé les pare-brise de plusieurs véhicules de prêtres rencontrés sur leur chemin et les vitres de la station de radio de l’Eglise à Jérémie “ Radio Tèt Ansanm”. Ils promettent de redoubler d’ardeur dans les prochains jours si rien n’est fait . Monseigneur Willy Romélus , proche du président Jean Bertrand Aristide , qui avait ordonné ce dernier prêtre, est une figure emblématique de la lutte contre la dictature des Duvalier . Mgr. Romélus a joué un rôle actif dans la mobilisation qui a conduit au départ de Jean Claude Duvalier le 7 février 1986 . Il est l’auteur du célèbre slogan “Rache Manyòk” lancé en 1987 pour obtenir sans succès le départ du Conseil National de Gouvernement (CNG) dirigé alors par le général Henry Namphy. Durant le coup d’Etat militaire (1991-1994), l’évêque a été agressé par des manifestants pro-putchistes aux abords de la Cathédrale de Port-au-Prince en 1993. Monseigneur Romélus avait pris la défense du parti Fanmi Lavalas accusé de fraudes à l’occasion des élections du 21 mai 2000, source de l’impasse politique actuelle. Des élèves de différents établissements scolaires ont manifesté dans les rues de Jérémie ce vendredi 3 mai 2002 pour dénoncer la décision de l’Evêque . Parallèlement , le secrétaire d’Etat à la sécurité publique, Jean Gérard Dubreuil , a rendu visite à Monseigneur Romélus . M. Dubreuil a fait part de la solidarité du pouvoir Lavalas avec le prélat .

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