Crise du logement en Haïti : les secteurs concernés réfléchissent sur les mécanismes à mettre en place pour résoudre le problème

A l’initiative du Group Croissance et l’Association des Producteurs de Pavés (APP), plus de 300 cents personnes représentant différentes institutions du secteur public et privé et d’organismes internatiionaux participent, mercredi 10 et jeudi 11 septembre 2003, à Caribe Convention Center ( Canapé-Vert/Port-au-Prince), aux discussions initiées sur la problématique du logement en Haïti. Les organisateurs de ce symposium de deux (2) jours veulent engager tous les acteurs de la société dans cette démarche qui se veut « un point de lancement pour l’établissement d’un ensemble de projets concrets visant à améliorer la qualité de vie de la population haïtienne ». « L’heure est à l’action et non aux paroles », a lancé le responsable du Group Croissance dans ses propos de circonstance au Caribe. Kesner Pharel s’est prononcé en faveur d’une politique de logement à travers laquelle l’Etat haïtien peut jouer un rôle plus stratégique et moins interventionniste en créant un environnement propice au développement économique.« Cela implique une redéfinition du rôle de l’Etat dans ce secteur crucial », a encore indiqué Kesner Pharel précisant que dans ce nouvel environnement, le secteur privé doit jouer un rôle capital dans l’industrie de la construction. D’aucuns ne contestent que la stabilité macro-économique et l’établissement d’un marché hypothécaire sont indispensables au développement du secteur logement, fait remarquer le directeur général du Group Croissance. Dans sa présentation du mercredi 10 septembre au Caribe Convention Center intitulée « logement et développement économique », Kesner Pharel a déploré le fait que le crédit accordé au secteur du logement en Haïti par les banques commerciales représente moins de 3 % de leur porte-feuille. En République Dominicaine, grâce à un mécanisme de financement important, les investissements dans le secteur du logement représentent 12 à 15 % du PIB dominicain. A ce stade, il s’avère important d’adopter de nouvelles stratégies qui permettraient de redéfinir le ou les rôles de chaque acteur intervenant dans ce secteur en Haïti : les firmes de construction, les institutions financières, les agences immobilières, l’Etat…etc. En ce sens, le gérant du Group Croissance croit que l’Etat haïtien peut toujours investir dans le secteur du logement mais dans le cadre de « subventions ciblées et transparentes ». D’autre part, les autorités monétaires doivent jouer leur rôle consistant en la règlementation des activités des banques commerciales. En guise de conclusion, Kesner Pharel fait des recommandations en vue d’un partenariat renforcé secteurs privé et public, d’une nouvelle législation bancaire et financière pour l’établissement des marchés primaires et secondaires, d’une stabilité macro-économique ( contrôle de l’inflation et stabilité du taux de change, taux d’intérêt modéré) , d’une recherche de fonds de garantie du côté des bailleurs, d’une politique fiscale incitative et d’une revalorisation de la propriété privée. Le deuxième intervenant du mercredi 10 septembre, l’entrepreneur Charles Clermont a abordé le volet « Développement économique du marché financier ». Pour l’économiste haïtien, le financement du logement doit se faire sur une base économiquement viable. Raison pour laquelle, dit-il, « nous avons besoin d’un secteur privé moderne et d’un Etat stratège au service de la nation ». Le chapitre le plus délicat de la journée de mercredi « financement du logement » a été traité par Madame Marie Carmelle Jean-Marie. Faut-il souligner, le logement est un indicateur crucial du niveau économique d’une nation. Il reflète, en effet, la qualité de vie des ménages. En raison de la détérioration continue des conditions de vie de la population, Haïti est le seul pays de l’hémisphère américain à être classé dans le groupe des Etats à faible développement dans le rapport du PNUD sur l’indice de développement humain publié récemment. Autre conséquence de cette situation, l’espérance de vie des haïtiens est estimée à 50 ans alors qu’elle est supérieure à 60 ans dans les autres pays de la région. A la deuxième journée de discussions sur la problématique du logement en Haïti, le phénomène de la « bidonvilisation et bétonvilisation » fera l’objet de débats. L’aménagement du territoire, les infrastructures en milieu urbain et rural, le type de logement approprié en Haïti, le marché immobilier haïtien, sont entre autres thèmes et sous-thèmes inclus dans le programme de ce forum. Les ateliers de travail se proposent de réfléchir en profondeur sur les différents aspects de ces sujets d’importance. De ces discussions doivent sortir des résolutions en vue de l’ établissement d’un ensemble de projets qui permettraient de mettre en place les mécanismes capables de développer le secteur du logement en Haïti.

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